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Pourquoi la NRA est aussi puissante

Dana Loesh, porte-parole de la toute-puissante NRA.

Dana Loesh, porte-parole de la toute-puissante NRA. - Jim Watson - AFP

Malgré la succession de fusillades meurtrières, l'association de défense des armes à feu aux États-Unis conserve son influence, notamment sur les dirigeants politiques. Et se donne les moyens de ses ambitions.

Outre le triste sentiment que l’histoire se répète, chaque fusillade meurtrière produit peu ou prou les mêmes effets. Les partisans d’une interdiction - ou a minima d’un contrôle - des armes à feu font entendre leurs voix, se heurtant aux défenseurs du sacro-saint deuxième amendement de la Constitution américaine, qui accorde le droit à tout citoyen d’en posséder. Au premier rang desquels la toute-puissante National Rifle Association (NRA).

Véritable institution au pays de John Wayne, cette dernière revendique actuellement quelque 5 millions de membres. Et dispose de moyens financiers considérables, qu’elle utilise notamment pour exercer un intense lobbying.

Ses membres et de mystérieux donateurs lui assurent des revenus conséquents

Ses revenus proviennent en grande partie des cotisations de ses membres. Pour obtenir la carte du club des défenseurs des armes à feu, ceux-ci s’acquittent de 40 dollars par an, ou peuvent choisir d’autres formules : un abonnement à vie coûte par exemple un peu plus de 1500 dollars, rapporte le Washington Post.

D’après un audit que s’est procuré le Center for responsive politics, un organisme non partisan spécialisé dans le financement des partis politiques, ces cotisations ont rapporté au total 163,5 millions de dollars, un chiffre en légère diminution par rapport à l’année précédente (165,5 millions).

Mais la NRA reçoit également de nombreux dons et contributions extérieures, que beaucoup d'observateurs attribuent - même si leur identité n’est pas dévoilée - à des proches de l’industrie des armes. En 2016, plus de 100 millions de dollars sont ainsi venus nourrir les comptes de l’association. Un mystérieux donateur a même versé à lui seul la coquette somme de 19,2 millions de dollars…

Divers partenariats avec des magasins d’armes à feu lui sont aussi profitables : dans nombre d’entre eux, le vendeur demande par exemple, pour un article à 99 dollars, si l’acheteur veut donner un dollar supplémentaire pour aider la NRA à défendre ses intérêts.

La publicité - la NRA possède plusieurs publications écrites et une chaîne de télévision -, l’organisation d’évènements, ou encore quelques placements financiers assurent la diversification de ses revenus. Au total, ceux-ci ont atteint 375 millions de dollars en 2016.

30 millions pour Trump, 20 millions contre Clinton

Forte de moyens à la hauteur de ses ambitions, l’organisation dépense beaucoup, en particulier lors des campagnes électorales. 2016, année présidentielle, a donc logiquement vu la facture s’envoler, pour atteindre 419 millions de dollars.

La NRA a ainsi versé quelque 30 millions pour appuyer la campagne de Donald Trump, et près de 20 millions pour attaquer celle d’Hillary Clinton. Parallèlement, elle a dépensé des millions de dollars pour les campagnes de dizaines de candidats au niveau local. Une opération plutôt réussie: 44 d’entre eux ont gagné, quand 19 ont perdu.

Outre le financement politique et le lobbying "classique", la NRA soigne son influence vis-à-vis de ses membres en proposant des programmes d’entraînement, des compétitions ou en encadrant des activités de tir "récréatif".

L’argent, bien que nécessaire, n’est toutefois pas le seul facteur explicatif de cette influence. Car les anti-armes à feu, le milliardaire Michael Bloomberg en tête, disposent eux aussi de moyens de plus en plus conséquents. Mais le message véhiculé par la NRA et ses alliés est simple et (quasiment) imparable : "si nous interdisons les armes, les gentils n’en auront plus pour se défendre face aux méchants (puisque les méchants ne respectent pas la loi)".

Force est de constater, comme le fait le Guardian, que ses partisans sont bien plus mobilisés que ses détracteurs. Et que chaque nouvelle fusillade ne fait que renforcer leurs convictions.