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Pourquoi les Suédois font exprès de payer trop d'impôts

Une subtilité de la loi fiscale suédoise a fait du trop-payé d'impôt un placement plus rémunérateur que l'épargne. Du coup, entreprises et particuliers versent délibérément plus que ce qu'ils ne doivent au fisc.

En Suède, les entreprises et les particuliers font exprès de payer plus que ce qu'ils ne doivent au fisc. Oui, vous avez bien lu. Parce qu’en raison de la politique monétaire actuelle dans le pays et de ses règles fiscales, verser trop d'impôts est devenu un très bon placement, raconte le Financial Times ce jeudi.

Il y a deux ans, la Banque centrale de Suède a abaissé ses taux directeurs sous la barre des 0%, avec pour objectif de relancer l'inflation. Automatiquement, les taux d'intérêts bancaires ont suivi, et les différents produits d'épargne sont devenus peu rémunérateurs. Or en Suède, les contribuables versent leurs taxes sur une sorte de compte bancaire qui, lui, continuait en 2016 de bénéficier d'un taux d'intérêt minimum de 0,56% par an. Du coup, explique le quotidien britannique, les entreprises et les particuliers y voient un bon placement, et y déposent plus que ce qu'ils ne doivent.

Problème: le phénomène pèse sur les finances de l'État suédois, qui prélève des impôts parmi les plus élevés au monde. Parce que cet excédent budgétaire constitue certes une manne financière dont il a besoin. Mais ce "prêt involontaire" de ses contribuables lui coûte très cher en intérêts, beaucoup plus que s'il avait emprunté la même somme sur les marchés.

80 millions d'euros d'intérêts à verser

Concrètement, sur 9 milliards d'euros de trop-perçus collectés en 2016, 4 milliards correspondent à ces versements volontairement trop élevés de contribuables, qu'il va falloir rembourser. Avec des intérêts donc, chiffrés à près de 80 millions d'euros en 2016.

Deuxième problème pour Stockholm: les contribuables peuvent retirer le trop-versé de leur compte d'impôt quand ils le souhaitent. Ce qui empêche le gouvernement d'avoir une visibilité à long terme sur ses besoins d'argent.

Pour décourager cette tendance, le gouvernement a supprimé le paiement d'intérêts sur les trop-perçus fiscaux. Mais il craint que même en l'absence de rendement, le "placement" reste plus attrayant pour les entreprises que ceux aux taux d'intérêts bancaires négatifs actuels.

Nina Godart