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Quand Draghi défend la politique de la BCE devant les députés allemands

Mario Draghi a défendu la politique de la BCE devant les députés allemands.

Mario Draghi a défendu la politique de la BCE devant les députés allemands. - Steffi Loos - AFP

Le président de la Banque centrale européenne a accepté de se rendre en personne au Bundestag pour défendre la politique monétaire de l'institution devant des élus très critiques. Et il s'en est plutôt bien sorti.

Mario Draghi ne manque pas de courage. Invité devant le Parlement allemand, le Président de la BCE a défendu mercredi 29 septembre sa politique monétaire très critiquée outre-Rhin, affirmant que la population européenne vivait mieux grâce à elle.

Il y a quatre ans, lors de son premier oral à la chambre basse du Parlement, l'Italien n'avait pas été ménagé par les députés. Cette fois "l'atmosphère des débats a été plus sereine", sans doute en raison de l'amélioration de l''économie par rapport à 2012, a affirmé l'Italien. La plupart des critiques sont venues des rangs du parti conservateur de la chancelière Angela Merkel, selon plusieurs députés.

"J'apprécie de débattre" sans "changer de point de vue"

"J'apprécie les occasions de débattre, d'écouter des gens qui ont des avis différents", a déclaré le chef de la BCE lors d'une conférence de presse à l'issue de son audition à huis-clos par une commission parlementaire. "Cela nous force à réfléchir à nos points vue, sans les changer bien sûr", a-t-il ajouté.

Durant des débats d'environ deux heures, il a loué la politique très accommodante de son institution, caractérisée par des taux d'intérêt historiquement bas, des achats massifs de titres de créances publics et privés, et des prêts géants bon marché aux banques. "Nos mesures fonctionnent", a martelé l'Italien dans un discours diffusé par la BCE. Après avoir "contré la menace d'une nouvelle 'Grande Dépression'", ces mesures contribuent "à garantir une croissance qui bénéficiera au final aux épargnants et retraités en Allemagne et dans l'ensemble de la zone euro", a-t-il assuré.

La BCE est régulièrement accusée en Allemagne de ruiner les épargnants par sa politique de taux bas. Le ministre des Finances conservateur Wolfgang Schäuble l'avait rendue en partie responsable de la montée de la droite populiste dans le pays. Son programme de rachat de dette souveraine pour venir en aide aux Etats en crise, comme la Grèce, a reporté les réformes structurelles nécessaires dans ces pays, estiment également ses détracteurs.

Les Verts conquis

"Je suis déçu. Mario Draghi a en fait de nouveau défendu le chemin qu'il a pris", a déclaré Eckhardt Rehberg, porte-parole pour la politique budgétaire de la fraction CDU/CSU après l'audition. "Nous continuons à être inquiets, en particulier sur les réformes dans la zone méditérannéenne", a-t-il dit.

Le patron de la BCE a relancé son appel aux gouvernements de la zone euro d'investir davantage et de procéder à des réformes de fond "pour augmenter la croissance et la productivité". 

Un message qui est en revanche bien passé chez les sociaux-démocrates et les Verts. Pour le député Verts Gerhard Schick, sa prestation était tout à fait "convaincante". Mario Draghi a dit qu'il ne souhaitait pas toutes ces mesures exceptionnelles, mais que le seul moyen d'en sortir, est que les gouvernements investissent davantage pour relancer l'économie et la consommation. "Il a renvoyé la balle à Berlin, et je trouve qu'il a raison".

N.G. avec AFP