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Quand Trump s’attribue la baisse de la dette américaine

Donald Trump lors de la "Conférence d'action politique conservatrice"

Donald Trump lors de la "Conférence d'action politique conservatrice" - ALEX WONG / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Le président américain s'est récemment félicité d'avoir contribué à la baisse de la dette publique depuis son arrivée à la Maison Blanche. Un jugement biaisé et bien trop hâtif eu égard aux nombreux paramètres susceptibles de jouer sur le niveau de la dette.

Une fois de plus, Donald Trump n’a pas manqué de fustiger les médias sur Twitter. Dernièrement, il s’est félicité d’avoir contribué à la diminution de la dette publique depuis son arrivée à la Maison Blanche malgré l’indifférence générale: "Les médias n’ont pas rapporté que lors de mon premier mois (en tant que président, NDLR), la dette nationale a baissé de 12 milliards de dollars tandis que celle d’Obama a augmenté de 200 milliards de dollars au cours de son premier mois". Quelques minutes après, le président américain s’est fendu d’un nouveau message saluant "l’incroyable optimisme" suscité par cette nouvelle pour le futur de l’économie américaine.

Effectivement, la dette américaine s’est très légèrement contractée entre le 20 janvier et le 21 février (-0,06%) atteignant précisément 19.935,316 milliards de dollars, d’après les chiffres du Département du Trésor, repris par le Washington Post. Qui plus est, cette même dette a bien augmenté de 200 milliards de dollars lors du premier mois de mandat de Barack Obama en 2008. Toujours est-il que lorsque Donald Trump se targue sur Twitter d’avoir contribué à sa diminution, son enthousiasme semble quelque peu excessif, si ce n’est carrément présomptueux.

Un impact difficilement mesurable 

En réalité, il est impossible de savoir si l’élection de Donald Trump a eu le temps d’affecter concrètement l’économie. Comme il est impossible d’évaluer l’efficacité de la politique de ce dernier. Notamment parce que le niveau de la dette fluctue d'heure en heure et dépend d’une multitude de paramètres (croissance, dépenses, recettes fiscales, etc.). Or, pour l’heure, le niveau des dépenses et des recettes fiscales à court terme est toujours celui fixé par la dernière administration, Trump n’ayant pas encore soumis son orientation budgétaire au vote du Congrès. À cet égard, la période sur laquelle se base le Président américain est trop courte pour qu’un réel enseignement se dégage des statistiques.

"Nous félicitons le Président de l’importance qu’il accorde à la dette en tant que mesure de la bonne santé économique, mais soulignons que sa baisse précoce a plus à voir avec les fluctuations normales des dépenses et des recettes qu’avec de nouvelles politiques qu’il aurait mises en œuvre", a déclaré Maya MacGuineas, présidente du Comité pour un budget fédéral responsable.

Un climat économique plus favorable

Il faut également préciser que Donald Trump a hérité d’un climat économique plus avantageux que son prédécesseur en 2008. Barack Obama a en effet pris ses fonctions alors que le pays était en pleine phase de récession, d’où un bond de la dette de 200 milliards de dollars lors de son premier mois. Le Washington Post rappelle qu’à l’époque, le chômage était deux fois plus élevé qu’aujourd’hui. De plus en plus de personnes étaient dès lors amenées à se tourner vers l’assurance chômage, quand l’État était contraint de son côté à prélever moins d’impôts sur le revenu. De quoi gonfler significativement le niveau de la dette.

Si Donald Trump n’a pas encore présenté son Budget en détail, les grandes lignes sont déjà connues et il devrait en dire un peu plus ce mardi soir devant le Congrès. Le président américain souhaite notamment réduire drastiquement les impôts, augmenter le budget de la Défense et lancer un plan massif d’investissement dans les infrastructures. Une orientation finalement susceptible d’aggraver l’augmentation de la dette publique américaine déjà prévue par les prévisionnistes à hauteur de 10.000 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie.

Paul Louis