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Comment le risque géopolitique va impacter l'économie

Des chars israéliens postés dans une zone d'entraînement sur le plateau du Golan à l'été 2013

Des chars israéliens postés dans une zone d'entraînement sur le plateau du Golan à l'été 2013 - -

Ukraine, Syrie, Israël-Palestine, Irak, Libye, Tunisie… Les foyers de crise se multiplient autour du globe. Leur impact sur les prix de l'énergie restera mineur, mais il y aura d'autres conséquences économiques.

Le risque géopolitique est de retour. Il y a longtemps qu’autant de foyers de tensions ne s’étaient pas allumés simultanément sur la planète. Il y a bien sûr l’Ukraine, sous pression russe ; ce qu’il faut bien appeler la nouvelle guerre israélo palestinienne ; mais aussi la guerre civile en Syrie, le chaos en Irak, en Libye, voire en Tunisie, sans oublier les tensions en Mer de Chine.

Plus grave : pour la plupart de ces conflits, aucune sortie de crise ne semble se dessiner rapidement. Parce qu’on voit bien que dès que des membres du conseil de sécurité de l’Onu ne sont pas d’accord sur un dossier, la communauté internationale est impuissante. Et parce que dans la plupart de ces conflits, notamment au Moyen Orient, les dirigeants qui pourraient se substituer aux dirigeants actuels semblent davantage un problème plus qu’une solution pour leurs pays respectifs.

Dans ce contexte, ces conflits vont-ils avoir un impact sensible sur l’économie mondiale ? Sans doute pas. S’il y a un impact, il ne sera que très marginal.

L'Occident a diversifié ses sources d'approvisionnement

Deux types de perturbations géopolitiques existent: celles qui désorganisent voire paralysent le commerce mondial. Celles qui font flamber les prix de l’énergie en général et du pétrole en particulier. Il faut rappeler que les trois grandes récessions de l’après-guerre ont été précédées d’une flambée du pétrole: après la guerre du Kippour en 1973, la révolution iranienne en 1979, la guerre du Golfe en 1990. A chacune de ces crises, les prix ont plus que doublé.

Or pour l’instant, aucun conflit n’atteint une dimension "suffisante" pour perturber le commerce mondial. Même l’effet des sanctions occidentales contre la Russie semble limité. Quant au pétrole, une flambée reste toujours à redouter. Mais il faut noter une différence de taille avec les années 1970: l’Occident est beaucoup moins dépendant des cours du brut qu’à l’époque ! Pour produire 1 euro de PIB, il faut 40% d’or noir en moins qu’à l’époque: les pays ont diversifié leurs sources d’énergie, les services ont pris le pas sur l’industrie, et surtout l’efficacité énergétique a considérablement augmenté.

Impact sur la confiance des entreprises et des ménages

Et le gaz, au cœur des tensions avec la Russie? Grâce au gaz de schiste, les Etats-Unis sont quasiment autosuffisants. Quant à l’Europe, elle peut diversifier ses approvisionnements. Et Moscou n’oublie pas que la Russie serait la plus grande perdante d’un arrêt des approvisionnements en gaz.

Au final, le seul petit impact global serait sur la confiance des entreprises et des ménages, qui pourraient marginalement les inciter à différer quelques projets d’investissement. L’impact sur différents secteurs de l’économie sera plus net: on pense aux transports aériens particulièrement, aux constructeurs d’avion, au secteur du tourisme…

Et à quoi faut-il s’attendre sur les marchés? Cette montée de l’instabilité géopolitique a toutes les chances de façonner une partie des tendances qui vont marquer les places financières au second semestre: hausse de la volatilité (surtout que la surabondance de liquidités peut entraîner le déplacement de masses considérables d’argent) ; moindre attrait pour les actions, regain d’intérêt pour les valeurs refuges comme les dettes publiques, l’or ou le dollar.

Emmanuel Lechypre