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En sanctionnant la Russie, l'Europe expose son économie

L'Union européenne pourrait décider de sanctionner plus durement la Russie.

L'Union européenne pourrait décider de sanctionner plus durement la Russie. - -

Les sanctions contre la Russie, qui pourraient être annoncées mardi 29 juillet, font courir le risque de représailles commerciales de Moscou. L'Union européenne pourrait y perdre plusieurs dizaines de milliards d'euros.

Engagés contre la Russie depuis le début du conflit ukrainien, choqués par le drame du vol MH17, les Européens s'apprêtent à prendre pour la première fois des mesures économiques d'envergure contre Moscou.

Ce lundi 28 juillet, François Hollande, Barack Obama, Angela Merkel, David Cameron et Matteo Renzi l'ont en effet "confirmé". Une réunion des ambassadeurs de l'UE est prévue à ce sujet mardi.

Mais ce geste risque de se payer sur le plan économique: le FMI a prévenu que les sanctions à l'encontre de Moscou pourraient avoir des répercussions sur les pays de la région qui ont des liens commerciaux "très actifs et très directs" avec la Russie, notamment en Europe centrale et orientale.

Un risque "évident" de représailles russes

En outre, il "est évident qu'il y a un risque de représailles russes", souligne un diplomate européen, citant la mise en place d'embargos commerciaux. La Russie est souvent accusée d'utiliser cette arme, notamment avec des motifs sanitaires, comme moyen de pression diplomatique. Sans plus attendre, elle a menacé lundi de limiter les importations de certains fruits en provenance de pays de l'UE. En cause: la découverte de la présence d'un insecte ravageur.

Les retombées sur l'économie européenne sont donc dans tous les esprits, alors que les 28 envisagent de couper les financements des banques publiques russes sur leur sol et d'interdire la vente d'armes, de technologies sensibles dans le domaine de l'énergie, et de biens à double usage militaire et civil, à Moscou.

Des pertes de 40 milliards d'euros cette année pour l'UE

Ces mesures devraient avoir "des retombées importantes sur l'économie russe et affecter modérément les économies européennes", a promis le président du Conseil européen Herman Van Rompuy.

Selon des informations du site spécialisé EU Observer, l'UE devrait perdre 40 milliards d'euros cette année avec ces mesures, soit 0,3% de son PIB et encore 50 milliards l'an prochain (0,4% du PIB). Ces projections sont sans commune mesure avec le choc attendu par l'économie russe: elle devrait perdre 1,5 point de croissance puis 4,8% l'an prochain, retombant lourdement en récession.

Un nouveau coup porté à la croissance

Ces chiffres sont à prendre avec des pincettes, souligne toutefois un diplomate. Ils dépendent de nombreux paramètres, notamment "l'inclusion du gaz et du pétrole" dans les mesures restrictives.

Mais ils apparaissent comme de nouveaux nuages au-dessus d'une économie en panne. L'UE a affiché une croissance de seulement 0,3% début 2014. Les chiffre du deuxièmee trimestre sont attendus mi-août, mais déjà des indicateurs montrent que les tensions géopolitiques commencent à peser sur le moral des ménages, et donc la consommation, ainsi que sur la confiance des entrepreneurs.

En 2013, les importations russes dans l'UE se sont élevées à 207 milliards d'euros et les exportations à 120 milliards, selon la Commission européenne.

Y. D .avec AFP