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Sanders, l’anti-Trump (ou presque)

Bernie Sanders (Démocrate) a remporté la primaire de son parti dans le New Hampshire.

Bernie Sanders (Démocrate) a remporté la primaire de son parti dans le New Hampshire. - Jewel Samad - AFP

"Les victoires de Donald Trump et Bernie Sanders, cette nuit dans le New Hampshire, mettent en lumière le grand écart existant entre les deux candidats sur le plan économique. Même si quelques similitudes peuvent être observées."

Deux hommes, deux styles radicalement opposés. Seul point commun: leur présence surprise sur la liste des favoris des sondages. Spécialiste des déclarations à l’emporte-pièce, parfois insultant vis-à-vis de ses adversaires et de certaines catégories de la population, Donald Trump était pour beaucoup programmé pour exploser en plein vol.

Quant à Bernie Sanders, sa seule présence dans cette campagne pourrait sembler improbable, dans un pays où le mot socialiste (c'est ainsi qu'il se qualifie lui-même) s’apparente souvent à une injure.

Trump, entre populisme et vide intégral

La comparaison s’arrête là. Car pour le reste, les idées des deux candidats semblent diamétralement opposées. Même si les apparences sont parfois trompeuses.

Donald Trump a par exemple jeté un froid au sein de son parti, en affichant une préférence pour une taxation accrue des Américains les plus riches. Une idée également défendue par Bernie Sanders, sans toutefois poursuivre le même objectif. En parallèle, Trump assure en effet vouloir supprimer l’impôt sur les sociétés, tout comme celui sur les successions. L’homme d’affaires entend également alléger les contraintes pour les entreprises (comprendre: réduire un peu plus les droits sociaux). Enfin, estimant que les salaires sont trop élevés, il s’oppose à toute augmentation du Smic local. Ce qui, selon les calculs du New York Times… augmenterait de 27% les revenus des 1% les plus riches. Pour le reste, aucun programme économique digne de ce nom n’a encore été dévoilé par le magnat de l’immobilier.

Sanders, le socialisme remis au goût du jour

Bernie Sanders, lui, tient plus du gauchiste pacifique que du libéral aux accents guerriers. Et veut avant tout remettre de l’ordre dans un pays où le fossé se creuse de plus en plus entre les classes populaires et les plus aisées, la situation menaçant jusqu’à l’existence même de la classe moyenne.

Militant pour un "certain égalitarisme", comme il l’assurait au Monde en 2008, Sanders met l’accent sur une plus juste redistribution des richesses. Et veut croire à la mise en place d’un système de santé universel. "Dès lors que vous avez une compagnie d'assurance privée, leur objectif est de faire le plus d'argent possible, pas de procurer une protection sociale de qualité", avance-t-il.

L’idée serait d’étendre la couverture maladie, actuellement gratuite pour les plus de 65 ans et aux foyers les plus modestes, à l’ensemble de la population. Face au coût de cette mesure, qu’il estime à 1.380 milliards de dollars par an, "Bernie" compte imposer une série de hausses d’impôts: deux nouvelles cotisations, salariales (2,2%) et patronales (6,2%), ainsi que la création d’une nouvelle tranche d’impôt de 52% pour les revenus supérieurs à 10 millions de dollars par an. Bien loin, donc, des promesses de baisse massive de la fiscalité formulées par Donald Trump.

Deux programmes irréalisables?

Malgré tout, les deux candidats possèdent un autre point commun: en cas d’investiture, leurs ambitions pourraient se voir freinées par leur propre parti.

Au sein du parti démocrate, où l’on s’efforce de ne pas froisser le monde de l’entreprise, les sorties de Sanders contre Wall Street et la finance (toute ressemblance…) agacent. Tandis que du côté républicain, les positions de Trump en faveur d’un protectionnisme agressif (notamment une taxe de 20% sur les importations) inquiètent les nombreux partisans d’un libre-échange absolu.

D’autant qu’une fois arrivé à la Maison-Blanche, l’application de ces mesures ne sera pas favorisée par le système en place. Car aux États-Unis, c’est bien le Congrès qui valide la politique fiscale menée par le pays. Une possible désillusion, donc, pour le gagnant, comme pour ses électeurs.