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Qui sera le futur prix Nobel d'économie?

Esther Duflo et Jean Tirole incarnent deux chances françaises d'obtenir le prix Nobel d'Economie.

Esther Duflo et Jean Tirole incarnent deux chances françaises d'obtenir le prix Nobel d'Economie. - -

Le lauréat du prestigieux prix remis par la Banque royale de Suède sera connu lundi 14 octobre. Si le trophée devrait encore une fois aller à un économiste américain, quelques Français pourraient créer la surprise.

C'est le titre le plus important qu'un économiste peut obtenir dans sa carrière. Lundi 14 octobre, le prix Nobel d'économie sera attribué par la Banque royale de Suède. Le nom de l'élu devrait être connu vers 13h, heure française.

Prédire le nom du vainqueur est un exercice que le Wall Street Journal qualifie "d'ingrat". Ce qui n'empêche pas le prestigieux quotidien financier de s'y livrer. Voici donc un aperçu des économistes qui semblent les plus proches d'obtenir le précieux prix et succéder ainsi à Alvin Roth et Lloyd Shapley.

> Jean Tirole, la meilleur chance française

• Sam Peltzman et Richard Posner: si l'on en croit les prévisions de Thomson Reuters, ce duo détonant (un économiste et un juge) est le favori à la course au Nobel d'économie. Peltzman (73 ans) et Posner (74 ans) sont tous les deux professeurs à l'université Chicago. Ils seraient récompensés pour leurs travaux portant sur la réglementation et la régulation.

• Douglas Diamond et Philip Dybvig: le Wall Street Journal estime que si le prix doit aller à des travaux sur la banque et la finance, ces deux noms sont inévitables. Diamond (60 ans, université de Chicago) et Dybvig (58 ans,Washington University) ont créé en 1983 un modèle célèbre sur les "bank run", ou les ruées au guichet des déposants. Des crises dues au fait que les banques ont des actifs peu liquides, comme des crédits immobiliers, alors que leurs ressources, les dépôts, sont très liquides.

• Jean Tirole: le Français de 60 ans, professeur à l'Ecole d'économie de Toulouse dont il est également le fondateur, figure une nouvelle fois parmi les favoris au titre. Régulièrement cité, son école toulousaine s'intéresse à la nouvelle économie industrielle (brevets, logiciels, théorie des jeux appliquée aux entreprises). Jean Tirole est aussi connu pour ses célèbres articles sur la crise financière et les tensions sur la liquidité des banques.

> Plusieurs trios pressentis

• David Hendry, Hashem Pesaran et Peter Philips. Un trio d'économiste qui, pour Thomson Reuters, est en première ligne. Hendry (69 ans, Oxford) Pesaran (67 ans, Cambridge) et Philips (65 ans, Yale) seraient récompensés pour l'ensemble de leur apport à la modélisation économique. Un bref aperçu de leurs différents CV montre, en effet, que leurs travaux portent pour beaucoup sur l'économétrie et les statistiques.

• Joshua Angrist, David Card, Alan Krueger: C'est le dernier trio cité par Thomson Reuters. Angrist (53 ans, MIT) Card (57 ans, Berkeley) Krueger (53 ans, Princeton) sont les auteurs d'avancées notoires sur la microéconomie, c’est-à-dire l'économie portant sur les consommateurs et les entreprises. Leurs thèmes de recherche sont centrés sur différentes questions en lien avec le marché du travail, comme le salaire minimum ou encore l'éducation.

> La surprise Esther Duflo?

• Robert Shiller: Le Wall Street Journal estime que si 2013 est "l'année de la théorie des comportements économiques, il fait partie des sérieux prétendants". Robert Shiller (67 ans, Yale) a écrit "Les esprits animaux" avec George Akerlof, prix Nobel 2001 et mari de Janet Yellen. Le livre explique comment les facteurs psychologiques, comme la confiance, et les décisions individuelles influencent l'économie. Outre-Atlantique, il a une certaine aura médiatique.

• Paul Romer: C'est un potentiel vainqueur dans le cas où le jury choisirait de privilégier la croissance. Cet enseignant de 58 ans à la New York University n'est autre que le père de la croissance endogène, une idée qui a émergé dans les années 1980. Ses travaux ont amené à considérer de nouveaux facteurs de croissance tels que l'environnement, l'avancement technologique ou l'innovation. Certains voient en lui, le Nobel idéal.

• Esther Duflo: La Française de 41 ans est clairement une outsider. Elle a toutefois l'avantage d'avoir connu un parcours proche des grandes pointures américaines. Professeur au MIT à seulement 32 ans, ses travaux empiriques contre la pauvreté font d’elle, en 2010, la première économiste du développement à recevoir la médaille John Bates Clark, que certains considèrent comme une antichambre du prix Nobel d’Economie. Elle est actuellement conseillère pour Barack Obama au sein du comité pour le développement mondial.

Julien Marion