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Taxes américaines: la France veut une exemption "permanente" de l'UE

Les États-Unis ont prolongé d'un mois les exemptions accordées à leurs alliés européens concernant les taxes sur l'acier et l'aluminium. La France ne veut pas se contenter de ce sursis et demande à ce que l'UE bénéficie d'une exemption totale et permanente.

La France a demandé mardi une exemption "permanente" aux taxes américaines sur l'acier et l'aluminium, après la décision de la Maison Blanche d'accorder un nouveau sursis d'un mois à ses principaux alliés, dont l'Union européenne (UE).

La France "prend acte" de la décision de Washington et "continuera à plaider pour que l'UE bénéficie d'une exemption totale, permanente et non conditionnée", ont indiqué dans un communiqué conjoint le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian et le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.

"Aucune raison ne justifie que l'UE soit soumise à des augmentations unilatérales de droits de douanes sur l'acier et l'aluminium", a encore estimé le gouvernement français, rappelant que la France et l'Union européenne n'étaient pas "à l'origine des surcapacités mondiales en aluminium et en acier".

Prolongation jusqu'au 1er juin

Le président américain Donald Trump a promulgué le 8 mars des tarifs de 25% sur les importations d'acier et de 10% sur celles d'aluminium tout en exemptant immédiatement le Canada et le Mexique. Fin mars, il a en outre exempté provisoirement l'UE. La Maison Blanche a consenti lundi soir à prolonger jusqu'au 1er juin cette période d'exemption provisoire, évitant ainsi une escalade dans le conflit commercial.

La France s'est dite prête à travailler avec les États-Unis et ses autres partenaires "pour apporter des solutions rapides et appropriées" au problème de surcapacité dans le secteur de l'aluminium et de l'acier.

"Mais nous ne pourrons le faire sereinement que lorsque nous serons certains d'être exemptés de manière permanente de la menace de hausses tarifaires unilatérales", précise encore le communiqué. 

Les Européens ont déjà prévenu que s'ils se voyaient frappés de droits de douane, des mesures de représailles visant des produits emblématiques américains seraient imposées. En retour, Donald Trump avait évoqué d'autres taxes punitives, notamment contre le secteur stratégique de l'automobile de l'Allemagne, dont les excédents commerciaux exaspèrent le locataire de la Maison Blanche.

De potentielles "discussions fructueuses"

Les Etats-Unis ont décidé de prolonger l'exemption temporaire dont bénéficie l'Union européenne en raison de potentielles avancées dans le conflit commercial, selon le secrétaire américain au Commerce mardi. "Nous avons potentiellement des discussions fructueuses sur, d'une manière générale, la réduction des tensions commerciales entre l'Union européenne et nous-mêmes", a expliqué Wilbur Ross sur CNBC.

Il a en outre souligné que depuis les discussions avortées entre les Etats-Unis et l'UE de l'accord de libre-échange TTIP, "il n'y avait pas eu de discussions sérieuses avec l'UE". "Nous avons bon espoir que quelque chose de positif sortira de tout cela", a-t-il ajouté.

Wilbur Ross a en revanche laissé entendre qu'il n'y aurait pas d'extension supplémentaire. "Je ne pense pas que nous ayons l'intention de prolonger (l'exemption). Cela enlève toute raison d'être" des taxes, a-t-il dit.

Sécurité nationale

Les Européens ont fraîchement accueilli mardi cette nouvelle exemption provisoire, déplorant une décision qui ne fait, selon eux, que "prolonger l'incertitude" sans résoudre leur conflit commercial.

Donald Trump a invoqué la nécessité de préserver la sécurité nationale pour justifier ces tarifs. L'UE "devrait être totalement et définitivement exemptée de ces mesures, car elles ne peuvent être justifiées par des raisons de sécurité nationale", a ajouté l'exécutif européen, assurant que les Européens "ne négocieront pas sous la menace".

J.-C.C. avec AFP