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Traité budgétaire : la phrase qui décrédibilise tout le texte

Une phrase du Traité budgétaire implique que la France doit procéder à 85 milliards d'économie chaque année

Une phrase du Traité budgétaire implique que la France doit procéder à 85 milliards d'économie chaque année - -

Le traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance sera étudié et à priori voté ces 8 et 9 octobre à l’Assemblée nationale. En se penchant sur le texte, les députés pourraient s’arrêter sur une petite phrase du préambule qui remet en cause la crédibilité du texte.

L'Assemblée va se prononcer mardi et mercredi sur le traité budgétaire. Ce lundi, une petite phrase attire notre attention, qui nous avait au départ échappé, en préambule de ce Traité. "Lorsque la dette publique d’un Etat est supérieure à 60% du PIB, l’Etat en question doit la réduire « au rythme moyen » d’un vingtième par an". Une petite phrase qui change tout.

90 milliards d'euros d'économies par an

Elle est presque perdue en page 5 du préambule du Traité Budgétaire. Et pourtant, ce qu'elle implique est tout simplement énorme. Parce que si la France devait réduire sa dette d'un vingtième par an aujourd’hui, cela lui demanderait un effort de 85 milliards d'euros chaque année. Pour l’Italie, ce serait 90 milliards d'euros. Autant dire que, quelles que soient les bonnes volontés affichées, un tel montant serait inatteignable.

Pourtant, ce principe est écrit noir sur blanc. Alors comment expliquer la présence d’une règle inapplicable ? "C'est juste pour satisfaire les pays du Nord !" suggère-t-on à Bruxelles. "C'est l'arme atomique, nous dit un diplomate européen, tout le monde sait qu'elle existe, mais personne ne la déclenchera".

En France, les experts socialistes disent franchement qu’un Traité, c’est fait pour être renégocié. En définitive, réduire sa dette d'un vingtième par an est dans le contexte actuel si irréaliste que personne ne prend au sérieux ce principe, ce qui soulève la question de la crédibilité du Traité budgétaire.

Mathieu Jolivet