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Tsipras replonge la Grèce dans l'incertitude économique

La démission d'Alexis Tsipras fait rejaillir plusieurs craintes chez les experts

La démission d'Alexis Tsipras fait rejaillir plusieurs craintes chez les experts - Angelos Tzortzinis - AFP

En remettant sa démission jeudi, le Premier ministre grec a ravivé les inquiétudes des experts et économistes. Certains vont même jusqu'à craindre que la possibilité d'une sortie de la Grèce de l'euro ne revienne sur le devant de la scène.

Les Européens pensaient probablement bénéficier d'une période d'accalmie. Mais la tempête semble bien revenir.

Jeudi soir, le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, a annoncé avoir remis sa démission au président de la République hellénique, et appelé par là même à de nouvelles élections législatives, qui se tiendront le 20 septembre prochain. Le timing ne doit rien au hasard puisque le chef du gouvernement grec a pris cette initiative au lendemain du déblocage de la première tranche de la nouvelle aide européenne de 23 milliards d'euros, censé permettre le retour au calme. 

Alexis Tsipras, confronté à la fronde de l'aile gauche de son parti Syriza, espère sortir renforcé du prochain scrutin, et bénéficier de ce fait d'une marge de manoeuvre plus large pour mener sa politique.

Du côté des observateurs et analystes, l'annonce a été froidement accueillie. Nicolas Chéron, stratégiste chez CMC Capital Markets, a ainsi réagi sur Twitter en estimant qu'Alexis Tsipras "plonge de nouveau la Grèce dans l'indécision et l'Europe dans le marasme politico-économique".

Pour rappel, après l'arrivée au pouvoir d'Alexis Tsipras, en janvier dernier, l'inquiétude sur les marchés avait déjà largement assombri les perspectives économiques de la Grèce. D'une croissance initialement prévue à environ +2,5% pour 2015, les prévisions tablent désormais sur une récession de l'ordre de -2%, comme le relevait Jean-Claude Trichet, l'ancien président de la Banque centrale européenne, en juillet dernier sur BFM Business.

Dans ce contexte, la nouvelle initiative d'Alexis Tsipras n'aide pas. L'agence de notation Moody's s'est d'ailleurs rapidement fendue d'un commentaire jeudi, via un communiqué. Pour elle, les choix du Premier ministre grec "pourraient accroître les problèmes de mise en oeuvre du programme (d'aide financière, ndlr) et, potentiellement, mettre en péril les remboursements" de la Grèce.

Or, comme le souligne sur Twitter le commissaire européen en charge des Affaires économiques, Pierre Moscovici, le nouveau plan d'aide accordé à la Grèce nécessite "un large soutien et une mise en œuvre résolue".

Dans une note publiée jeudi soir, l'économiste de Capital Economics, Jennifer McKeown, va même plus loin. Selon elle, la Grèce va "lutter pour mettre en place le troisième plan d'aide et s'assurer une bouffée d'oxygène sur sa dette".

Elle considère ainsi qu'aucune réforme majeure ne risque d'être adoptée avant les prochaines élections législatives. Et de conclure que "tout ceci augmente les chances de voir la Grèce rater le premier examen de la mise en œuvre du troisième plan d'aide en octobre prochain. Et confirme que le risque d'un Grexit s'est tout sauf évaporé".