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Valls: "L'économie française ne serait pas affectée" par une sortie de la Grèce de l'euro

Les relations commerciales entre la France et la Grèce ne sont pas assez développées pour qu'un Grexit ait un impact decisif sur l'économie française.

Les relations commerciales entre la France et la Grèce ne sont pas assez développées pour qu'un Grexit ait un impact decisif sur l'économie française. - Lionnel Bonaventure - AFP

Le Premier Ministre a assuré qu'il y avait un "risque réel de sortie" de la Grèce de la zone euro, ce 28 juin lors de l'émission Le Grand Rendez vous d'Europe 1-Le Monde-iTELE. Il a tenu à assurer que ce scénario n'aurait pas d'impact sur l'économie française.

"Pour ou contre le plan présenté par les institutions", c'est la question à laquelle les Grecs vont devoir répondre lors d'un référendum organisé le 5 juillet.

"Il est évident que, s'il y avait une réponse négative (au référendum, ndlr), il y a un risque réel, il faut dire la vérité aussi, non seulement aux Français, aux Européens, mais d'abord aux Grecs puisque c'est eux qui vont voter dimanche prochain, (...) de sortie de la zone euro", a déclaré le Premier ministre lors de l'émission Le Grand Rendez vous d'Europe 1-Le Monde-iTELE ce dimanche. 

Un Grexit (sortie de la Grèce de la zone euros, ndlr) pourrait-il déséquilibrer tous les autres membres ? Manuel Valls s'est montré rassurant en affirmant que "l'économie française ne serait en revanche pas affectée". 

Un avis que partage Fabien Tripier, professeur d'économie à l'Université Lille 1. Les relations commerciales entre les deux pays ne sont pas assez développées et le système financier grec est, selon lui, maintenant assez indépendant du système financier des autres pays européens.

Si la Grèce est en défaut de paiement, c'est-à-dire si elle ne peut plus régler ses échéances de dette, "ça ne veut pas dire qu'on va demander un chèque aux Français la semaine prochaine", confirme de son côté Agnès Benassy-Quéré, économiste à l'École d'économie de Paris. "Il n'y aura pas d'impact à court terme pour les Français." 

Une augmentation des taux des dettes souveraines

Le seul effet négatif qui pourrait intervenir dans les prochains "jours ou semaines", selon Fabien Tripier, est "un risque d'augmentation des taux d'intérêt sur les dettes souveraines" des États de la zone euro. Ce qui entraînerait "des pertes sur le budget de l'État".

Car la France, dont la dette publique dépasse déjà les 2.000 milliards d'euros, paierait davantage pour emprunter de l'argent sur les marchés. Comme le niveau des taux d'emprunt entre en compte dans ses prévisions budgétaires, une hausse de ces taux "peut rendre difficile les engagements de la France" sur le plan de la réduction du déficit, prévient Fabien Tripier.

Toute la question est de savoir l'ampleur de la hausse des taux d'emprunt que provoquerait un "Grexit". M. Tripier estime qu'un "Grexit" pousserait les marchés à intégrer une prime de risque de sortie de la zone euro dans les taux d'intérêts. Après un "Grexit", "émettre de la dette en euro ne signifiera plus que cette dette restera toujours celle d'un État de la zone euro", ce qui fera apparaître "un risque de dépréciation de la valeur de cette dette".

L'Espagne et le Portugal plus impactés

Pour les plus optimistes, comme Mme Bénassy ou la Commission européenne, les différents mécanismes mis en place depuis 2010 et la politique monétaire de la BCE suffiront à limiter la hausse et à "faire face à la défiance des marchés".

Si la France semble économiquement épargnée par un défaut de paiement de la Grèce, d'autres pays peuvent se faire plus de soucis. À commencer par la Grèce elle-même qui va vers "une situation de catastrophe économique", s'alarme M. Tripier. "Le risque" vise aussi "des pays jugés plus fragiles comme l'Espagne et le Portugal", estime Mme Bénassy.

Mais un "Grexit" affaiblirait aussi politiquement la zone euro: "À la prochaine crise économique, politique, sanitaire ou de sécurité, elle abordera cet épisode de manière plus fragile."

C.C. avec agences