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Jerome Powell veut réduire de près de moitié le bilan de la Fed

Jerome Powell a été mitraillé de questions sur l'indépendance de la Fed

Jerome Powell a été mitraillé de questions sur l'indépendance de la Fed - Saul Loeb - AFP

VIDÉO - Devant la commission bancaire du Sénat américain, le futur président de la Fed a affirmé que réduire le bilan de la banque centrale américaine prendrait "3 à 4 ans".

C'est un subtil numéro auquel a dû s'adonner Jerome Powell. Nommé en octobre par Donald Trump pour remplacer Janet Yellen en février prochain à la tête de la Réserve fédérale (Fed), la banque centrale américaine, l'ancien avocat était auditionné par la commission bancaire du Sénat ce mardi.

Bombardé de questions sur divers sujets, Jerome Powell a tenté de répondre à son auditoire sans trop dévoiler ses intentions. "L'exercice n'est pas si facile et s'apparente à un acte d'équilibrisme: comment parler longtemps sans ne rien dire tout en plaisant à tout le monde", expliquait peu avant son audition Gregori Volokhine, de Meeschaert Capital, sur BFM Business.

C'est exactement ce que Jerome Powell a fait devant ses interrogateurs: répondre aux questions, tenir la distance, sans en dire trop.

De 4500 à 2500 milliards de dollars

Le futur président de la Fed a ainsi fait part de sa volonté de réduire de façon importante le bilan de la plus importante banque centrale du monde, prolongeant ainsi la normalisation enclenchée par Janet Yellen. "Le bilan de la Réserve fédérale est actuellement de 4500 milliards de dollars. Nous allons le réduire et nous devrions être à un niveau stable d'ici trois ou quatre ans", a-t-il déclaré avant d'ajouter viser "2500 à 3000 milliards de dollars". "Mais on ne peut être sûr de rien", a-t-il ajouté.

Interrogé sur l'emploi, il a rappelé que la Fed "avait l'obligation légale d'atteindre le plein emploi" tout en insistant bien sur le fait que cette notion était "floue" et qu'il ne fallait ainsi pas se limiter à un seul indicateur pour l'apprécier. En ce sens, au-delà du taux de chômage de 4,1%, Jerome Powell a affirmé regarder le taux de participation de la population active ou encore l'âge d'entrée sur le marché du travail, notamment chez les jeunes hommes. Jerome Powell a notamment estimé que "la crise des opiacés" avait des impacts sur ces indicateurs. Aux États-Unis, 2 millions de personnes sont dépendantes des opiacés (des stupéfiants comme l'héroïne mais aussi des analgésiques) et 90 personnes meurent chaque jour d'overdose. Le président Donald Trump a décrété l'urgence sanitaire en octobre dernier.

Jerome Powell a par ailleurs été mitraillé de questions sur l'indépendance de la Fed, d'aucuns soupçonnant Donald Trump de vouloir la mettre à mal. Se disant "très attaché" à cette indépendance, Jerome Powell a assuré "n'avoir eu aucune inquiétude à ce sujet" lors de ses entretiens avec le personnel de la Maison Blanche.

Enfin, il a laissé entrevoir une future hausse des taux en décembre. Jerome Powell, qui est déjà membre du comité de politique monétaire de la Fed, a en effet estimé que "les conditions d'un relèvement des taux d'intérêt lors de notre prochaine réunion sont en passe d'être réunies".

Julien Marion