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Week-end sous tensions en Grèce, avant le vote de nouvelles réformes

Manifestation dans les rues d'Athènes le 8 mai.

Manifestation dans les rues d'Athènes le 8 mai. - AFP- Angelos Tzotzinis

"Deux projets de loi sur la réforme des retraites et des impôts seront soumis au vote du Parlement dimanche, à la veille d'une réunion importante de l'Eurogroupe. Grévistes et manifestants expriment leur ras-le-bol."

Le vote ne devait avoir lieu que la semaine prochaine. Mais dès dimanche soir, les membres du Parlement grec seront appelés à se prononcer sur deux projets de loi cruciaux pour l’avenir du pays. Ils prévoient notamment l'instauration d'une retraite minimum de 384 euros mensuels après vingt ans de travail.

Si ces textes sont adoptés, les cotisations d'une partie de la population vont augmenter, tout comme les impôts sur le revenu, pour les moyens et hauts revenus. Il est aussi question d’une réduction des retraites les plus élevées, de fusionner les multiples caisses d'assurance. Les mesures sont débattus au Parlement depuis ce samedi matin.

Le va-tout de Tsipras

Devant ses députés, Alexis Tsipras a encore une fois défendu vendredi les impopulaires mesures prévues, arguant qu'elles épargneraient les plus défavorisés, au nom de la "justice sociale". Il a réaffirmé que réformer les retraites était indispensable pour empêcher "le système de s'effondrer dans quelques années".

En organisant le vote dès ce week-end, en pleine fin de vacances pascales, le gouvernement grec, qui ne dispose que d'une faible majorité parlementaire avec 153 députés sur 300, espère que l'adoption de cette réforme avant la réunion de l'Eurogroupe contribuera à décider ses pairs à conclure la première évaluation de la mise en œuvre du plan d'aide, et à ouvrir enfin le débat sur l'épineuse question du règlement de la dette. Le ministre des Finances Euclide Tsakalotos a appelé samedi ses pairs de la zone euro à approuver lors de l'Eurogroupe prévu pour lundi, les réformes effectuées par son pays, ce qui aiderait "les investissements et la reprise" de son pays.

Grève générale

Les évolutions législatives soumises au vote dimanche font en partie des exigences des créanciers du pays, l'UE et le FMI. Elles viendraient en échange du nouveau plan d'aide signé en juillet dernier. Les créanciers exigent des mesures afin d’économiser 3,6 milliards d'euros supplémentaires. 

Mais nombreux sont les Grecs qui n’en peuvent plus de leurs exigences. Les syndicats ont d’ailleurs appelé à une grève générale de 48 heures, qui a débuté vendredi matin, contre ces projets de réforme. Métros, bus, trains… Tous les transports en commun étaient bloqués vendredi dans Athènes. Les bateaux avaient suspendu leurs aller-retour vers les îles des Cyclades. Le secteur public fonctionnait au ralenti, et la majorité des médias ne diffusaient pas leurs programmes habituels.

Le syndicat Pame, proche du parti communiste, a ouvert le bal des manifestations, avec un rassemblement de 7.000 personnes dans le centre d'Athènes vendredi, suivi quelques heures plus tard par plus d'un millier de personnes à l'appel deux autres organisations syndicales: GSEE et l'Adedy. 

Dimanche, près de 15.000 personnes ont manifesté à Athènes et Thessalonique.

Pression du FMI sur l'Union européenne

Si la grève et les mots d'ordre de manifestation ont été bien suivis, cela ne menaçait pas l'adoption de la loi ce week-end, juge Panayiotis Petrakis, professeur d'économie à l'université d'Athènes, "La réforme sera adoptée et c'est un bon choix d'obtenir ce vote avant l'Eurogroupe", a-t-il dit à l'AFP. "Mais on n'est toujours pas sûr d'obtenir une conclusion lundi", selon lui.

D'autant que les créanciers ne semblent pas tous sur la même longueur d'ondes: selon une lettre du FMI adressée aux 19 ministres des Finances de la zone euro et publiée vendredi dans le Financial Times, la directrice de l'institution Christine Lagarde fait pression sur l'UE pour ouvrir la discussion sur la dette, tout en soulignant la nécessité d'une révision à la baisse de l'objectif d'un excédent budgétaire primaire (hors service de la dette) de 3,5% du PIB pour 2018, jugé "contre productif" par le Fonds et entraînant des mesures supplémentaires.

Manifestations samedi et dimanche

En Grèce, les manifestations se sont poursuivis tous le week-end. Des cortèges ont défilé samedi après-midi, et le point culminant du mouvement a lieu ce dimanche, les syndicats ayant appelé à des rassemblements pour fêter la journée du 1er mai, qui n'a pas été célébrée en Grèce dimanche dernier en raison de la Pâque orthodoxe.

Adeline Raynal avec AFP