BFM Business
International

Le Zimbabwe, pionnier des monnaies numériques?

Strive Masiyiwa (à gauche), le créateur d'EcoCash, est l'homme le plus riche de son pays.

Strive Masiyiwa (à gauche), le créateur d'EcoCash, est l'homme le plus riche de son pays. - -

Une société télécom locale propose de remplacer la monnaie officielle du Zimbabwe par son système de paiement par téléphone. Les monnaies numériques, qui peinent à s'imposer en Occident, sont particulièrement populaires en Afrique.

Et si le premier pays à passer intégralement à la monnaie numérique était… le Zimbabwe? Strive Masiyiwa, le créateur d'une société télécom locale, et l'homme le plus riche de son pays, a en tout cas une idée: sa technologie de paiement par téléphone, EcoCash, pourrait servir de monnaie officielle de ce petit pays d'Afrique Australe.

L'idée semble tenir la route, selon le site de CNN, qui a révélé ce projet, mercredi 22 janvier. Les technologies de paiement par téléphone connaissent un grand succès dans la région.

L'économiste Miles Kimball affirmait ainsi à BFMBusiness.com, en novembre 2013, que certains pays d'Afrique pourraient bien sauter une étape, et s'adapter sans peine aux monnaies électroniques. "Les Africains ont plus vite utilisé internet sur leurs portables que les Occidentaux. Cela pourrait se reproduire", expliquait-il.

Les cigarettes et le chewing-gums servent de monnaie

Depuis 2009, le Zimbabwe, incapable de faire face à une inflation hors de contrôle, a tout simplement arrêté de battre monnaie. Les habitants utilisent actuellement des dollars américains pour payer leurs achats, et se voient rendre la monnaie en cigarettes et en chewing-gums.

De quoi expliquer le succès du système de paiement EcoCash dans le pays, alors que les portefeuilles numériques peinent à s'imposer en Europe. Les résultats de la compagnie africaine feraient pâlir d'envie Moneo et ses rivaux: 31% des Zimbabwéens ont un compte, et les transactions représentent 21% du PIB du pays.

Mais selon les analystes interrogés par CNN, le système est fragile. La Malaisie et Singapour, qui peuvent compter sur des économies plus stables, n'ont pas réussi à imposer la monnaie numérique à leurs populations.

Joseph Sotinel