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La zone euro peine à préciser son mécanisme anti-crise

Le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet (à gauche), en compagnie du ministre grec des Finances George Papaconstantinou à Bruxelles. Une semaine après avoir décidé d'un plan massif de stabilisation de la zone euro, l'Eurogroupe a

Le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet (à gauche), en compagnie du ministre grec des Finances George Papaconstantinou à Bruxelles. Une semaine après avoir décidé d'un plan massif de stabilisation de la zone euro, l'Eurogroupe a - -

par Julien Toyer et Vincent Chauvet BRUXELLES - Une semaine après avoir décidé d'un plan massif de stabilisation de la zone euro, l'Eurogroupe a...

par Julien Toyer et Vincent Chauvet

BRUXELLES (Reuters) - Une semaine après avoir décidé d'un plan massif de stabilisation de la zone euro, l'Eurogroupe a longuement débattu lundi de ses modalités techniques, qui devraient être précisées dans les prochains jours en s'inspirant des conditions assorties au dispositif de soutien à la Grèce.

A nouveau réunis à Bruxelles, les ministres des Finances des pays de la monnaie unique ont également soutenu la proposition de la Commission européenne d'organiser au premier semestre de chaque année un examen contradictoire des projets de budgets nationaux et ont estimé que la réduction des déficits publics ne devrait pas se faire au détriment de la croissance.

"En ce qui concerne le mécanisme européen de stabilité financière, nous en avons discuté les principes et les paramètres (...) afin que les travaux techniques puissent être conclus prochainement", a déclaré le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn.

"Nous en avons discuté la mise en oeuvre pratique (...) Si un pays veut avoir recours à ce programme, il devra avoir le même type de conditions financières que celles de la Grèce", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse.

En coulisses, comme le week-end dernier, deux visions se sont affrontées : la vision allemande, appuyée notamment par les Pays-Bas, d'un mécanisme activé par les parlements nationaux au cas par cas et celle française d'un dispositif permanent.

"Cela a été assez laborieux", a dit la ministre française de l'Economie et des Finances, Christine Lagarde, qui a précisé que le mode de fonctionnement et le plafond total du "European Financial Stability Fund" avaient été au coeur du débat.

Les 16 Etats de la zone euro seront actionnaires de cette nouvelle structure, la Commission agira en qualité d'observateur et la Banque européenne d'investissement prêtera un soutien administratif, a-t-elle dit.

EXAMEN DES BUDGETS

Plus tôt dans la journée, l'Allemagne avait insisté sur la nécessité pour l'Europe de s'attaquer à la réduction des déficits et la réforme du pacte de stabilité après s'être donnée de l'air avec le plan de 750 milliards d'euros mis sur la table la semaine dernière.

Berlin a annoncé préparer des propositions afin de se prémunir contre d'autres crises de la dette et des journaux ont laissé entendre qu'il pourrait s'agir d'un mécanisme de "frein à la dette" similaire à celui inscrit l'an dernier dans la constitution allemande.

De son côté, le membre allemand du directoire de la Banque centrale européenne, Jürgen Stark, s'est prononcé en faveur de la création d'un organisme indépendant capable de sanctionner les pays ayant adopté l'euro si leur budget s'enfonce trop dans le rouge.

Réagissant aux propositions de la Commission européenne en vue d'organiser un examen par les pairs des projets de budget nationaux, le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a dit que les ministres des Finances des Seize avaient considéré qu'elles allaient dans la bonne direction.

"Il n'est pas question de porter atteinte au premier pouvoir parlementaire qui est le pouvoir budgétaire (...) Il nous importe que les parlements nationaux puissent prendre leurs décisions en connaissance de cause", a-t-il dit.

"Les Etats membres se soumettrons à un examen contradictoire de leurs politiques budgétaires. C'est une proposition vertueuse que celle émise par la Commission", a-t-il encore fait valoir.

PRIX À PAYER

En dépit des efforts déployés ces dernières semaines par les pays de la zone euro, la situation sur les marchés reste tendue et l'euro a touché lundi un plus bas de quatre ans face au dollar, à environ 1.2234 dollar, après avoir déjà perdu 14% depuis le début de l'année.

Les investisseurs redoutent notamment que les mesures d'austérités annoncées en Espagne, au Portugal et en Italie n'entravent le retour de la croissance, un sentiment partagé par les ministres lundi.

Jean-Claude Juncker a dit avoir demandé à la Commission européenne de mener d'ici l'été une étude sur les effets de la consolidation budgétaire sur la reprise économique.

"Je voudrais savoir dans quelle mesure certaines mesures dans certains pays peuvent avoir un impact sur la croissance", a-t-il expliqué.

Christine Lagarde, comme plusieurs de ses homologues, a relevé que certains pays devaient accélérer cette consolidation alors que d'autres disposent d'une marge de manoeuvre.

La France, a-t-elle jugé, est dans une position médiane.

Le PIB de la zone euro s'est contracté de plus de 4% l'année dernière, contre 2,4% aux Etats-Unis et la Commission européenne table sur une croissance d'à peine 0,9% en 2010 et 1,5% en 2011, contre 2,8% et 2,5% respectivement attendus outre-Atlantique.

Avec le bureau de Bruxelles, édité par Gwénaëlle Barzic