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2017, une année imprévisible pour les économistes?

Difficile de prévoir 2017 (image d'illustration)

Difficile de prévoir 2017 (image d'illustration) - Info.wire.dk - Wikimedia Commons - CC

Cette année 2017 va être ponctuée par de nombreuses élections mais aussi les suites du Brexit et les incertitudes autour de la politique de Donald Trump. Ces éléments compliquent la tâche des prévisionnistes qui arrivent toutefois à s'en accommoder.

2017 va être riche de changements pour le paysage politico-économique. Outre la présidentielle en France, des élections législatives vont avoir lieu en Allemagne et le nouveau gouvernement italien va être mis à l'épreuve. À cela se grèvent les incertitudes liées au Brexit et à la politique économique de Donald Trump, qui accédera à la Maison Blanche le 20 janvier prochain.

Autant d'éléments qui rendent bien difficile l'élaboration d'une prévision économique. Est-ce à dire que 2017 est l'année la plus dure à prévoir pour les économistes? "Je dirais oui, car on ne modélise pas le risque politique avec tout ce que cela génère derrière. Si on met bout à bout toutes les incertitudes on est dans une zone de stress assez forte", considère Mathieu Plane, économiste à l'OFCE.

"Les cinq dernières années ont été plus dures à prévoir que l'ensemble des vingt années précédentes. Pour 2017 les facteurs d'incertitudes sont nombreux. Maintenant la difficulté me semble du même ordre de grandeur que 2016 où tout était constamment remis en cause par des phénomènes de type Brexit", considère Christophe Barraud, chef économiste chez Market Securities.

"Nous sommes habitués"

"Tous les ans on liste les inquiétudes pour l'année à venir. Et c'est vrai que 2017 va être compliquée mais toutes les années sont compliquées depuis 2009 car on a une économie qui ne joue plus le jeu", avance Philippe Waechter, chef économiste chez Natixis AM. "Avant on savait que la croissance en France allait revenir à un moment à au moins 2%. Désormais la croissance potentielle est plus faible, et même dans les bonnes années on arrive pas à grand-chose", ajoute-t-il.

"Il est certain que 2017 est une année compliquée pour les prévisionnistes. Mais nous sommes toujours confrontés à des événements exceptionnels. C’est pourquoi nous raisonnons à ‘mesure de politique inchangée’ pour construire nos prévisions", explique de son côté Axelle Lacan, économiste au Coe Rexecode.

En effet, pour pouvoir malgré tout proposer une prévisions économique (notamment pour la France) alors que des élections vont survenir, les économistes sont obligés de raisonner à politique économique stable pour donner un aperçu de la conjoncture.

"Le problème est qu'il faut bien faire de la prévision économique et des cadrages budgétaires. Du coup nous sommes obligés d'avoir un raisonnement basé sur les hypothèses les plus probables et de considérer que la politique économique sera stable, en nous fondant sur la loi de Finances pour 2017", développe Mathieu Plane. "Mais on voit bien que tout cela peut changer assez vite, que, par exemple, le programme de François Fillon ne sera clairement pas le même que celui du candidat de la gauche, etc...", indique-t-il.

Un ensemble de risques

"Quand vous construisez une prévision, vous vous demandez si elle doit refléter un scénario précis qui apparaît comme le plus probable, ou si elle doit être la somme de plusieurs scénarii alternatifs. Dans les faits vous devez opter pour la première option", explique Christophe Barraud. "Ensuite au cours de l'année vous avez un grand nombre de risques qui vous amènent à réviser votre chiffre ou non. Et clairement 2017 est une année où les risques à la baisse sont nombreux", poursuit-il. Christophe Barraud donne un exemple: pour sa prévision de croissance pour les États-Unis, il n'a pas considéré que Donald Trump mettrait en œuvre des droits de douanes énormes sur les produits chinois. Mais il juge néanmoins que cette possibilité à une probabilité de 25% de se réaliser.

Ainsi les économistes retiennent un scénario, plus ou moins fragile selon les années. Pour 2017, en France notamment, les choses sont forcément plus corsées avec l'élection. "La probabilité de réalisation de notre scénario central est certainement plus faible pour 2017 que lors des années hors élection", admet Axelle Lacan. "Mais rappelons que celles-ci sont organisées au cours de l’année (second tour en mai 2017), l’acquis de croissance aura malgré tout son importance", ajoute-t-elle.

En bref, tout est possible

Certains éléments apparaissent néanmoins plus facile à lire. "Dans le cas de la politique économique américaine, comme nous disposons désormais du résultat de l’élection, nous connaissons globalement l’orientation de la politique économique qui devrait être menée au cours des prochaines années et pouvons donc nous appuyer sur ces éléments pour construire notre scénario", souligne Axelle Lacan.

Christophe Barraud considère pour sa part que sur le Brexit, un calendrier commence plus ou moins à émerger, rendant toute surprise un peu moins surprenante. En revanche, sur les élections, il souligne que les sondages "ont du mal à capter le vote contestataire car les gens ne sont pas dans une position où ils révèlent leurs intentions de vote". "Le problème c'est que les sondages sont assez fragiles", abonde Éric Heyer.

Au final, comme le résume Christophe Barraud, en 2017, "on doit être désormais ouvert à toute possibilité".