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Attractivité: la France est loin d'avoir gagné la "bataille" du Brexit

La France risque de louper le coche sur le Brexit

La France risque de louper le coche sur le Brexit - Lionel Bonaventure - AFP

Une étude d'EY montre que les investisseurs continuent largement de trouver le Royaume-Uni plus attractif que la France. Et, parmi les rares sociétés qui envisagent de délocaliser leurs activités, la France ne constitue qu'un troisième choix, loin derrière l'Allemagne.

L'Hexagone n'a pas ménagé ses efforts pour tenter d'attirer les entreprises après la victoire du Brexit au référendum de fin juin. Paris-La Défense s'était par exemple alliée avec les Hauts-de-Seine pour lancer la campagne de promotion "Tired of the fog, Try the frogs!" ("Fatigué du brouillard? Essayez les grenouilles!").

Des efforts vains? Il est évidemment bien trop tôt pour le dire. Néanmoins, les premiers signaux provenant de la dernière mouture du baromètre EY sur l'attractivité ne sont pas franchement encourageants. Réalisée en novembre sur un total de 254 cadres d'entreprises, cette étude avait pris comme hypothèse un Brexit "dur", c'est-à-dire une sortie du Royaume-Uni du marché unique européen. Ce qui d'ailleurs est clairement le scénario vers lequel la Première ministre Theresa May se dirige désormais.

Mais en dépit de ce "hard Brexit", le Royaume-Uni apparaît toujours comme bien plus attractif que la France. En effet, selon ce baromètre, 22% des cadres interrogés citent le Royaume-Uni comme le premier pays d'Europe où ils investiraient, contre seulement 8% pour la France.

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La résistance du Royaume-Uni

De fait, le principal gagnant est l'Allemagne qui arrive à la première place avec 40% de réponses. Le pays d'outre-Rhin creuse désormais son avance (il était à 38% contre 27% pour le Royaume-Uni lors du précédent baromètre d'EY en mars). "L'Allemagne prend désormais la lumière en tant qu'espace de stabilité pour les investisseurs. À l'approche des élections, les dirigeants craignent par ailleurs moins un renversement politique, économique et fiscal qu'en France ou en Italie", commente Marc Lhermitte, l'un des auteurs de ce rapport.

Quant au Royaume-Uni, si le Brexit a bien quelques effets (34% des répondants jugent que son attractivité a baissé, soit plus de deux fois plus qu'en mars 2016) il égratigne plus qu'il ne détruit son statut de pays cher aux investisseurs.

"Le Royaume-Uni ne sort pas pour autant de la carte. Avec un impôt sur les sociétés à 17% et une hyper flexibilité du marché du travail, son modèle économique d'hyper attractivité ne s'efface pas", abonde Marc Lhermitte.

Derrière les Pays-Bas

Ce qui explique probablement que la très grande majorité des entreprises soient encore en mode "wait and see". Ainsi, seulement 14% des cadres d'entreprises ayant une implantation au Royaume-Uni indiquent que leur société songe à relocaliser leurs activités si le Royaume-Uni sort du marché unique européen. Et les quelque 10% qui ont accepté de dire où leur entreprise s'implanterait dans ce cas de figure plébiscitent logiquement l'Allemagne (54%). La France est loin derrière (8% au même niveau que l'Italie et l'Espagne) et au troisième rang, puisque les Pays-Bas sont plus souvent cités que l'Hexagone pour accueillir les sociétés "Bréfugiées". "On ne peut pas dire qu'on ait perdu la bataille du Brexit mais nous sommes loin de l'avoir gagnée", relativise Marc Lhermitte.

"La France devrait gagner quelque chose avec le Brexit, mais l'ampleur de ces gains dépendra de la vitesse des réformes qu'elle pourra mettre en œuvre face à une vraie concurrence de la part des autres pays européens. Il faudra ainsi faire évoluer le contexte fiscal et social pour se mettre au niveau de cette concurrence", conclut-il.
Julien Marion