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Chaque ménage britannique perdrait 5.400 euros en cas de Brexit

George Osborne n'a pas hésité à affirmer que les familles britanniques pâtiraient fortement d'un Brexit

George Osborne n'a pas hésité à affirmer que les familles britanniques pâtiraient fortement d'un Brexit - Andrew Cowie - AFP

"Le Trésor britannique a publié une note ce lundi 18 avril alertant sur les conséquences économiques qu'entraînerait une sortie du Royaume-Uni de l'UE. En retenant le scénario "le plus plausible", le document conclut que le PIB britannique souffrirait d'un manque à gagner équivalent à 6% d'ici à 2030."

À deux mois de l'échéance fatidique, le gouvernement britannique commence à fourbir ses armes pour éviter le fameux Brexit. Le référendum portant sur la question de l'appartenance à l'UE du Royaume-Uni se tiendra en effet le 23 juin prochain. Et la victoire du "oui" constituerait un important camouflet pour le Premier ministre David Cameron qui fait campagne contre cette possibilité.

Histoire de bien faire prendre conscience aux citoyens britanniques des enjeux du scrutin, son chancelier de l'Échiquier (l'équivalent britannique du ministre des Finances) George Osborne a publié ce lundi 18 avril une analyse émanant du Trésor et se penchant sur les conséquences économiques d'un Brexit. Et les résultats ne sont guère réjouissants.

Le PIB réduit de 6%

Divers scénarios ont été étudiés par l'exécutif britannique. Le Trésor a plus spécifiquement communiqué sur l'hypothèse qu'il considère comme la plus plausible à savoir un scénario "à la canadienne". Dans ce cas de figure, le Royaume-Uni quitterait l'UE mais négocierait un accord de libre-échange avec l'Union.

Le Trésor britannique estime alors que le Royaume-Uni verrait ses exportations minées, que l'investissement des entreprises serait plombé et que certaines entreprises délocaliseraient une partie de leur activité sur le continent. À ce titre, il faut rappeler qu'en février dernier, la banque HSBC indiquait qu'elle envisageait de déplacer pas moins de 1.000 postes de Londres vers Paris en cas de Brexit.

Au final, le Trésor considère que d'ici à 2030 le PIB britannique serait inférieur de 6% à ce qu'il serait sans Brexit. Ce qui appauvrirait chaque ménage britannique de 4.300 livres (ou 5.400 euros).

En brandissant les résultats de cette analyse, George Osborne n'a pas lésiné sur le mise en garde, ce lundi. Le chancelier de l'Échiquier a évoqué "un choc économique violent à court terme" qui ferait payer aux familles "un lourd tribut économique" en cas de Brexit et a assuré qu'il était "illusoire" de penser que Londres pourrait alors trouver un quelconque accord avantageux avec l'UE.

Des chiffres plausibles?

Sauf qu'évidemment, les partisans du Brexit voient dans cette étude un instrument de propagande gouvernementale. "Ils avancent toujours les chiffres négatifs sur le Brexit et jamais les positifs parce que cela fait partie de leur conspiration (qui consiste) à nous maintenir de force dans l'UE", a déclaré l'ancien ministre et membre eurosceptique du Parlement conservateur John Redwood à la BBC. De son côté, le maire de Londres Boris Johnson, la figure la plus populaire du camp pro-Brexit, a affirmé dans les colonnes du Daily Telegraph que "tous les suspects habituels sont là à essayer d'embrouiller l'opinion britannique et à la persuader qu'elle doit accepter la perte de souveraineté démocratique au prix de la prospérité économique".

Difficile de juger du réalisme exact des prévisions du gouvernement. Le Trésor assure à la BBC que celles-si sont "sobres", rejetant ainsi toute alarmisme. Il est vrai que la semaine dernière la banque Natixis avait elle aussi publié une étude sur le sujet qui expliquait qu'un "Brexit ne laisserait pas indemne le Royaume-Uni". Le document de la banque française ne se penchait pas sur d'éventuels accords de libre-échange entre Londres et Bruxelles et se limitait à l'horizon 2017.

Mais l'ardoise n'en était pas moins lourde. En cas de Brexit, le Royaume-Uni verrait sa croissance s'élever à 0,5% au lieu de 2%, soit 1,5% de perte de PIB sur une seule année. Le tribut est plus lourd pour les comptes publics puisque le déficit, au lieu de passer sous les 3% du PIB et d'atteindre 1,9% gonflerait alors à 5,1%. 

Le think tank OpenEurope qui assure être "neutre" sur la question du Brexit, avait lui publié une étude le 13 avril dernier, nettement moins pessimiste que celle du gouvernement. Sur 2030, il chiffrait ainsi l'impact économique entre 0,5 et 1,5% du PIB. "Les prévisions du gouvernement sont plus pessimistes (que celle d'OpenEurope), moins précises et moins susceptibles de se produire sans pour autant être complètement improbables", considère Raoul Ruparel l'un des auteurs de cette étude, interrogé par BFMBusiness.com.

Dans tous les cas, la décision finale reviendra au peuple britannique. À l'heure actuelle, les sondages donnent le "Oui" et le "Non" au coude-à-coude. Ce week-end, une enquête réalisée par The Economist montrait que l'un comme l'autre étaient à 39%. Clairement, tout se jouera du côté des nombreux indécis (12% des personnes interrogées).

J.M.