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Les gagnants et les perdants d'une dette à taux négatifs

Pour la première fois, les taux allemands à 10 ans sont passés en territoire négatif

Pour la première fois, les taux allemands à 10 ans sont passés en territoire négatif - AFP

"Pour la première fois, les taux allemands à 10 ans sont passés en territoire négatif. Une situation qui aura des conséquences pour le gouvernement et les épargnants, en Allemagne mais aussi en France. Explications."

Depuis mardi, les investisseurs sont prêts à payer l'Allemagne pour acquérir sa dette! Le monde à l’envers… Il faut dire que le Bund, l'obligation allemande à 10 ans, fait office de valeur refuge comme l’or ou le franc suisse pour les investisseurs, qui cherchent à se rassurer alors que le contexte macroéconomique mondial reste toujours très tendu. En cause, les craintes grandissantes d’un Brexit et la forte désinflation (voire même déflation certains mois) qui sévit en zone euro. Si cet environnement de taux négatifs devait se poursuivre, cela aurait donc des conséquences pour l'Allemagne, mais pas seulement.

Baisse de la charge de la dette pour l'Allemagne

Dans un premier temps, cette baisse des taux aura un effet mécanique sur le coût de la dette allemande comme l’explique Axel Botte, stratégiste obligataire chez Natixis AM: "La baisse des taux va permettre à l’Allemagne de réduire la charge de sa dette, qui représente aujourd’hui moins de 2% de son PIB". Une bonne opportunité donc pour le trésor allemand d’emprunter davantage à moindres frais? Pas forcément pour le stratégiste, qui indique qu’au contraire de certains de ses voisins européens (la France et l’Italie notamment), "le trésor allemand ne va pas changer son calendrier d’émission pour profiter de taux plus faibles".

Des placements moins rentables pour les particuliers

Ce sont les grands perdants de cet environnement de taux bas actuels: les particuliers. Le passage en territoire négatif des taux allemands aura un effet sur la rentabilité de leurs produits d’épargne. En effet, selon le stratégiste obligataire, "la rentabilité des assurances-vies, composées entres autres de dettes souveraines et de Bund, va forcément être affectée par cette situation". Une mauvaise nouvelle qui ne devrait toutefois pas impacter le "placement préféré des français", qui représentait en 2015 37% de l’encours d’épargne des ménages français.

Et la France dans tout ça? Pas de bouleversements à attendre, selon Axel botte, pour qui "le spread (différence de taux entre le Bund et l'OAT) de 40 points de base va rester le même, les taux français s’ajustant à la baisse dans la quasi même proportion que ceux de leurs homologues allemands."