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Croissance: la France devant l'Allemagne dès 2018, selon le FMI

La croissance française passerait devant celle de l'Allemagne en 2018, selon le FMI

La croissance française passerait devant celle de l'Allemagne en 2018, selon le FMI - Bertrand Langlois - AFP

Dans ses projections, l'institution dirigée par Christine Lagarde considère que le PIB de la France va progresser plus vite que celui de l'Allemagne, à compter de l'an prochain. Principale cause de ce changement: les effets de la natalité.

Encore une fois, la France risque bien d'avoir du mal à soutenir la comparaison avec l'Allemagne. La semaine dernière, notre voisine d'outre-Rhin publiait fièrement une première estimation de sa croissance pour 2016 à 1,9%, soit sa plus forte progression depuis 2011. En comparaison, l'Insee devrait annoncer le 31 janvier prochain un chiffre bien plus modeste: autour de 1,2%.

La France peut-elle renverser la vapeur et faire mieux que l'Allemagne dans un avenir proche? Difficile à dire. Néanmoins, dans ses prévisions de moyen terme, récemment mises à jour, le FMI semble ne pas en douter.

En effet, selon ces projections, la croissance française passerait devant celle de l'Allemagne dès 2018: 1,6% contre 1,5% outre-Rhin. Mais surtout, l'écart entre les deux pays se creuserait ensuite, année après année. Au point que d'ici à 2021, la France profiterait d'une croissance de 1,8% de croissance, 50% plus élevée donc que celle de l'Allemagne.

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Prévisions de taux de croissance du PIB du FMI sur la période 2017-2021

"Croissance potentielle"

Évidemment les travaux du FMI sont à prendre avec précaution car il s'agit de projections par définition très fragiles. Il est, en effet déjà très difficile de bâtir une prévision de croissance sur un an... que les faits ne démentiront pas. Sur cinq ans, cela relève donc presque de la gageure. Ce d'autant plus que le FMI ne peut évidemment pas tenir compte des échéances politiques qui auront lieu au printemps en France et à l'automne en Allemagne.

"Lors que le FMI fait ce type de prévision à moyen terme, il raisonne forcément à mesure de politique économique inchangée. La politique budgétaire devient neutre et on suppose que la politique monétaire est également stable. Du coup on a alors tendance à revenir vers ce que l'on appelle la croissance potentielle", explique Christophe Blot, économiste à l'OFCE et co-auteur de Faut-il suivre le modèle allemand? (La Documentation française).

Cette "croissance potentielle" correspond, pour faire simple, à la vitesse de croisière d'une économie, lorsque celle-ci ne subit aucun choc, qu'il soit négatif (hausse du baril de pétrole) ou positif (baisse de l'euro). "Or cette croissance est essentiellement déterminée par deux grandes variables: la productivité et l'augmentation de la population active. Si, en terme de productivité, la France et l'Allemagne sont à peu près au même niveau, la hausse de la population active est bien plus forte chez nous", rappelle l'économiste.

Or plus la population active croît, plus la demande augmente (et indirectement d'offre) sur le marché du travail mais aussi une hausse des besoins de consommation, d'investissements dans le logement, etc…

L'OCDE d'accord avec le FMI

Or la fécondité des Françaises (1,93 enfant par femme) dépassent largement celle des Allemandes (1,51). Outre-Rhin, l'âge moyen de la population est chaque année plus élevé et ceux qui sont en âge de travailler de moins en moins nombreux. Selon les projections de Destatis, l'Allemagne comptait, en 2013, 49,2 millions d'habitants âgés de 20 à 64 ans. Ils ne seront plus que 45 millions en 2020 et 38 millions en 2060. En France, selon l'Insee, on passera au contraire entre 2015 et 2060 de 36,9 millions à 37,6 millions de personnes dans cette même classe d'âge.

D'ailleurs le FMI n'est pas le premier institut économique à tabler sur une croissance plus forte pour la France à moyen et long terme. En 2012, l'OCDE avait publié des projections allant jusqu'en… 2060. L'organisation jugeait alors que sur un demi-siècle, la croissance française moyenne s'élèverait, bon an mal an, à 1,6%, contre 1,1% en Allemagne.

Cela dit, un élément pourrait changer la donne: la politique migratoire. Destatis a déjà plusieurs fois révisé ses projections démographiques, constatant une immigration plus forte que prévu. En choisissant une politique ambitieuse d'accueil des réfugiés, Angela Merkel pourrait ainsi déjouer les pronostics et dynamiser la démographie allemande et par ricochet le marché du travail. Et par la même "enrayer la baisse annoncée de la croissance potentielle à 1% à l'horizon 2020", comme le soulignait l'économiste de BNP Paribas Caroline Newhouse dans une note datant de fin 2015.