Croissance: l'Insee nous donne deux raisons d'espérer
L'exécutif aurait tort de s'arrêter au chiffre brut. Ce jeudi 18 juin, l'Insee a publié sa dernière note de conjoncture, document qui révèle pour la première fois la prévision de croissance de l'institut pour l'ensemble de 2015. Résultat: 1,2%. Pas de quoi arracher des sourires du côté du gouvernement. Car, si l'objectif officiel et (très) prudent n'est que de 1%, Manuel Valls et Michel Sapin ont plusieurs fois affirmé qu'ils espéraient en fait atteindre 1,5%. Un chiffre sensible car c'est à partir de ce seuil que les économistes voient le chômage diminuer.
Les performances de l'économie française resteront néanmoins fort honorables: 0,3% au deuxième et troisième trimestre, puis 0,4% au quatrième. Et, au-delà de la croissance à proprement parler, la note de conjoncture de l'Insee donne deux grandes raisons d'espérer aux Français.
1/ L'investissement des entreprises va décoller
L'Insee est formel: "les chefs d'entreprises se déclarent nettement plus enclins qu'en début d'année à hausser le rythme de leurs dépenses d'investissements, dans l'industrie comme à présent dans les services". Du coup l'investissement va accélérer.
Après des débuts timides (+0,2% et +0,3% aux premiers et deuxième trimestre), les entreprises vont clairement passer la seconde (+0,6% puis +0,8% aux troisième et quatrième trimestres). Au final, l'investissement des entreprises grimperait de 1% en 2015.
En cause notamment, l'amélioration des conditions de financement, les entreprises voyant leurs marges regonfler, avec un taux de 31,3% au deuxième trimestre, taux qu'elles pensent pouvoir maintenir à ce niveau sur l'ensemble de l'année.
Et bonne nouvelle pour le gouvernement "le mécanisme de suramortissement récemment mis en place pourrait inciter encore plus que prévu les entrepreneurs à anticiper leurs décisions d'achat". Il reste toutefois une petite ombre au tableau: la construction va nettement souffrir, si l'on en croit les prévisions de l'Insee, avec des investissements se contractant de 2,3%. Ce qui tire l'ensemble vers le bas...
2/ Le pouvoir d'achat en forte hausse
Clairement la meilleure nouvelle pour les consommateurs: le pouvoir d'achat des Français va connaître sa plus forte hausse depuis 2007! La hausse serait ainsi de 1,9% sur l'ensemble de l'année, selon l'Insee.
Ce redressement s'explique assez logiquement: la hausse du revenu disponible brut des Français (salaires mais aussi prestations sociales et revenus tirés du patrimoine) sera de 2% prédit l'Insee. Et avec une inflation très faible de seulement 0,1%, le gain de pouvoir d'achat net est de 1,9%, contre 1,1% en 2015.
Une bonne chose pour les Français mais aussi pour la croissance. Cette hausse du pouvoir d'achat va ainsi permettre à la consommation des ménages, principal moteur de l'économie tricolore, de ne pas fléchir.
Après un premier trimestre exceptionnel (+0,8%) dû à une hausse des dépenses de chauffage, elle devrait ainsi progresser de 0,2% puis 0,3 et 0,4% respectivement sur les trois prochains trimestres. Au final, la consommation des ménages devraient progresser de 1,6% sur l'ensemble de l'année 2015.
Le chômage devrait, lui, se stabiliser
Après avoir légèrement diminué au premier trimestre (10% en France métropolitaine contre 10,1% au dernier trimestre 2014), le taux de chômage va repartir à la hausse au deuxième trimestre à 10,1% pour se stabiliser le reste de l'année. L'explication est simple: sur les trois prochains trimestres de 2015, le nombre d'emplois créés (82.000) sera inférieur à l'augmentation de la population active (113.000), ce qui mécaniquement fera repartir à la hausse le chômage.
Ces données viennent quelque peu noircir le tableau après les prévisions optimistes de l'Unédic. Mardi, l'organisme qui gère l'assurance- chômage affirmait tabler sur une baisse du nombre de demandeurs d'emploi en catégorie à partir de la mi-2015. Ce qui pouvait laisser entendre que le chômage baisserait. L'Insee ne partage pas cet optimisme.