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Economie: 7 idées reçues auxquelles vous ne croirez plus

L'économie donne lieu à bons nombres d'idées reçues.

L'économie donne lieu à bons nombres d'idées reçues. - Sean - Flickr - CC

En Economie, les idées reçues sont légion. Pour vous permettre de briller dans les repas de famille, Michel Musolino, professeur en classe préparatoire et auteur de l'Economie pour les Nuls a dressé la liste des erreurs les plus communes.

Contrairement à ce que l'on peut penser, l'Economie n'est pas une science inabordable et réservée à une élite. La Cité des Sciences à Paris avait notamment tenté de le démontrer en 2013 avec son exposition 'L'économie: krach, boom mue?"

Michel Musolino, professeur d'Economie et de Géopolitique en classe préparatoire et à l'ISG Paris, tente également de vulgariser cette discipline qui semble parfois si abscons. Il vient ainsi de publier 50 notions clés sur l'Economie pour les Nuls aux éditions First (*).

Un ouvrage idéal pour s'initier à l'Economie; qui vous permettra aussi d'éviter de tomber dans les idées reçus les plus courantes (et ainsi de briller au repas de famille de la Toussaint). Voici ainsi sept erreurs que vous ne commettrez plus et que Michel Musolino nous décrypte.

1/ "La baisse des prix est une bonne nouvelle"

"En réalité cela peut-être effectivement une bonne nouvelle mais est aussi extrêmement dangereux car cette situation peut aboutir à une phase de déflation, c'est-à-dire une baisse des prix généralisée sur l'ensemble des produits", explique Michel Musolino. Selon lui, depuis 2008, l'Europe est au bord de cette phase de déflation.

Pourquoi cette déflation est dangereuse? "Elle entraîne automatiquement une baisse de la production car les entreprises voient les prix chuter et décident de produire moins car elles font moins de profits. Si elles ne produisent plus, cela se répercute sur l'emploi et les salaires. On risque alors de répéter le schéma de la crise de 1929 aux Etats-Unis qui était une crise déflationniste et qui n'a été résolu que par la seconde guerre mondiale", développe-t-il.

L'économiste invite à surveiller la baisse des prix du pétrole, le baril étant passé de 150 à 40 dollars en deux ans. "Il faut faire attention à ce qu'il n'y ait pas d'effet de contagion sur les autres produits". Ce d'autant plus que la baisse des cours de l'or noir, si elle a des avantages sur le pouvoir d'achat via les prix à la pompe, peut aussi avoir des répercussions négatives. "Beaucoup de pays dépendants du pétrole sont des clients de la France. Si les cours baissent trop ils auront moins d'argent pour nous acheter des produits comme des avions", souligne-t-il.

2/ "L'inflation est une mauvaise chose"

Il s'agit de l'idée contraire de la précédente. Michel Musolino rappelle que les Français ont été "traumatisés par une grosse période d'inflation dans les années 60 qui a ensuite augmenté avec le choc pétrolier, avec des taux à plus de 10%". Mais l'enseignant observe que durant cette période allant de 1973 aux années 80, "on a eu de la croissance réelle".

"Ce qui veut dire que l'inflation est stimulante pour l'activité économique pour les raisons contraires de la baisse des prix: les entreprises investissent car elles gagnent plus. Les ménages, eux, se dépêchent de consommer pour ne pas devoir payer plus cher demain".

3/ "Il suffit de"

C'est une phrase qui chagrine particulièrement Michel Musolino et qui voudrait que la réponse à un problème économique soit simple. Exemple: "il suffit que l'Etat interdise les licenciements" ou à l'inverse "que l'Etat laisse plus de place au marché" ou encore "il suffit de baisser les impôts". "Ce sont des choses auxquelles on se réfère en croyant que tout deviendrait simple. La réalité c'est qu'en économie rien n'est simple", explique Michel Musolino.

Ainsi la logique qui voudrait qu'on augmente les impôts pour résoudre les problèmes est néfaste."Si on le fait on provoque un marasme économique, les revenus des ménages baissent et le pessimisme s'abat sur eux", explique le professeur d'économie.

Autre exemple: "il suffit de taxer les riches, de prendre l'argent là où il est". "Le problème est qu'il y a très peu de riches et on a beau les taxer très lourdement, les rentrées fiscales ne sont pas suffisantes. Et les impôts et taxes qui rapportent le plus sont celles que tout le monde paie comme la TVA", indique Michel Musolino qui ne mésestime pas non plus l'éventuel désir d'exil des riches surtaxés. 

4/ "Qui paie ses dettes s'enrichit"

"Cela dépend du montant de la dette. Si elle est trop importante, la vérité, c'est que l'on ne peut plus la payer. Il y a une multitude d'exemples de pays qui, à un certain niveau d'endettement, ont été obligés de négocier leur dette et, finalement, n'ont pas payé. C'est notamment le cas de l'Allemagne", affirme Michel Musolino. Plus étonnant encore, selon lui, payer sa dette "peut-être dangereux".

Pourquoi? Là encore le problème est lié à la déflation. "Quand on rembourse de la dette, on détruit de la monnaie. De la même manière qu'un crédit en crée, rembourser un prêt réduit la masse monétaire. Et s'il y a moins de monnaie, les biens valent moins", développe l'enseignant. "C'est ce qu'on voit en Grèce. Depuis quelques années ils se saignent pour payer leur dette et se retrouvent ainsi dans une spirale déflationniste".

5/ "Nous mourons de faim car nous sommes trop nombreux sur terre"

Il s'agit ici de tordre le cou à l'idée développée par le Britannique Thomas Malthus. Une idée "totalement fausse" pour Michel Musolino. "La réalité historique montre que la richesse produite a toujours augmenté plus que le nombre d'hommes, notamment depuis la révolution industrielle. Car justement si la richesse augmente c'est parce que le nombre d'hommes s'accroît car cela permet d'augmenter la demande et met en mouvement la mécanique économique".

Michel Musolino assure que sur le papier "il y a de quoi nourrir tout le monde sur terre. Si des personnes meurent de faim, c'est à cause d'un problème de répartition des richesses. Nous devons ainsi apprendre à mieux gérer nos ressources".

6/ "La délocalisation crée du chômage"

"C'est absolument faux. Au contraire les délocalisations peuvent créer des emplois. Si je délocalise en Chine et donne du travail aux ouvriers chinois, ils vont inévitablement acheter des produits français", affirme Michel Musolino. L'enseignant explique qu'il s'agit de "destructions créatrices".

"Lorsqu'une activité devient moins rentable dans un pays on la transfère vers un autre pays plus rentable. Le pays qui perd ces activités se tourne vers d'autres. En France, nous ne faisons plus de textile ou de sidérurgie mais des avions et même des jeux vidéo car nous sommes en meilleure condition de les faire que les Chinois".

"Si on laisse chacun faire ce qu'il fait de mieux c'est bon pour tout le monde", poursuit l'enseignant même si "évidemment au moment où on ferme une usine c'est toute un village ou une ville qui connaît des problèmes ponctuels".

7/ "Il faut un New Deal" 

Le "New Deal" renvoie à la politique de grands travaux mise en place par le Président Roosevelt dans les années 30. D'importants investissements qui auraient ainsi permis d'en finir avec la grande récession. "Un mensonge historique" pour Michel Musolino qui explique que c'est la préparation à la deuxième guerre mondiale qui a permis aux Etats-Unis de sortir de l'ornière.

"Il est important de comprendre que la crise dans laquelle certains pays sont est peut-être due à au surinvestissement, c'est-à-dire que l'on a trop investi. C'est clairement le cas en Espagne où on a massivement investi dans des bâtiments, des villes nouvelles, des aéroports. On s'est rendu compte que cela n'a servi à rien et donnait des villes fantômes. On a ainsi eu un New Deal mais à cause de cela on a épuisé les ressources".

Le professeur fait ainsi remarquer que la Grèce, le Portugal et l'Espagne ont beaucoup investi avant 2008 en accueillant différents événements sportifs (Jeux Olympiques, Euro 2004, etc…) avant d'être les premiers touchés par la crise économique. "Il ne suffit donc pas d'investir il faut bien investir, car de mauvais investissements peuvent donner des crises sévères", poursuit-il citant la théorie du "mal-investissement".

(*)8,95 euros aux éditions First