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Et si la France entrait dans une nouvelle ère démographique?

Les Français font moins d'enfants qu'avant, selon les chiffres publiés mardi par l'Insee. Certains démographes voient dans ces nouvelles données le signe d'une transformation de la société française.

L'institut de la statistique a publié mardi le bilan démographique de l'année 2016, basé sur ses nouvelles données sur la population française. Bonne nouvelle du côté de l'espérance de vie, qui recommence à augmenter après avoir marqué une pause en 2015. Celle des femmes atteint 85,4 ans contre 79,3 ans pour les hommes. En revanche, si la France reste le pays d'Europe (avec l'Irlande) où l'on fait le plus d'enfants, la fécondité continue de diminuer.

En 2016, elle s'est établie à 1,93 enfant par femme. Une baisse de la natalité qui touche prioritairement les plus jeunes. Certains démographes y voient la traduction d'un mouvement de fond qui pourrait ouvrir une nouvelle ère démographique.

La fin d'une exception française?

Ils identifient, dans notre histoire récente, deux grandes périodes où la baisse de la fécondité a été remarquable. La première, vers la fin des années 60 avec le développement des moyens de contraception, et la deuxième au moment du choc pétrolier, en 1974-1975. Une période de crise, de chômage, durant laquelle les jeunes faisaient des enfants plus tard. Ainsi 2016 pourrait être, selon les démographes, l'amorce d'une troisième période de transformation de la société.

En effet, la natalité des jeunes femmes entre 15 et 29 ans chute pour la deuxième année consécutive. Les experts interprètent ce phénomène par l'"instabilité structurelle" dans laquelle navigue la jeune génération. Son début de carrière plus tardif, les CDD qui deviennent la norme, le fait de se sentir jeune de plus en plus tard, du fait de l'allongement de l'espérance de vie...

Parallèlement -véritable rupture révélée par ces chiffres- la fécondité de leurs aînées ne progresse plus. La tendance de ces femmes qui reportaient leur désir d'enfants pour se consacrer à leur carrière n'apparaît plus dans les chiffres.

Alors sommes-nous en train de perdre notre exception française en matière de natalité? En tout cas, la classe politique n'a visiblement pas parfaitement anticipé ce mouvement. Rares sont les candidats à l'élection présidentielle qui mettent le sujet sur la table.

Jean-Baptiste Huet, édité par N.G