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Les Français craignent pour leur pouvoir d'achat

Le moral des Français est en berne et 55% des Français envisagent des coupes dans leurs dépenses non-essentielles, selon le baromètre BFM Business sur le pouvoir d'achat.

Le moral des Français est en berne et 55% des Français envisagent des coupes dans leurs dépenses non-essentielles, selon le baromètre BFM Business sur le pouvoir d'achat. - -

La dernière note de conjoncture de l'Insee publiée ce 22 mars démontre que la consommation des Français reste médiocre. Des résultats qui confirment les constats du baromètre de l'Observatoire BFM Business sur le pouvoir d’achat, réalisé avec IPSOS et le cabinet de consultants CA Com.

>> La peur de basculer dans la précarité

Le panorama de ce début d’année 2013 dressé par l'enquête de L'Observatoire BFM Business, dont les premiers résultats ont été publiés le 25 février, est extrêmement préoccupant: 22% des Français interrogés avouent être dans une situation financière relativement précaire.

Plus précisément, 14% affirment être obligés de puiser dans leurs économies pour réussir à boucler leur budget en fin de mois. Plus grave, presqu’un Français sur dix estime ne s’en sortir que grâce à une aide extérieure ou en contractant un crédit (8%).

Par ailleurs, au sein de la population de ceux déclarant disposer de revenus suffisants pour finir le mois (77%), la situation est aussi relativement préoccupante pour une partie d’entre eux: 45% estiment que leurs revenus leur permettent tout juste de boucler leur budget.

Toute nouvelle dégradation du pouvoir d’achat semble donc susceptible de faire basculer certains d’entre eux dans la difficulté, voire la précarité. Aujourd’hui, moins d’un tiers de la population française déclare réussir à mettre de l’argent de côté (32%).

>> La situation financière des Français en fin de mois

La peur de basculer dans une situation de pauvreté augmente régulièrement depuis un certain nombre d’années et plus particulièrement depuis la crise économique. En ce début 2013, presque six Français sur dix se disent inquiets de basculer un jour dans la précarité (59%). Cette peur reste encore modérée, même si presqu’un Français sur cinq est dorénavant "très" inquiet (18%). La plupart de nos concitoyens sont seulement "plutôt" inquiets (41%).

Ce qui est nouveau, c’est la globalisation de la précarité au sein de l’ensemble de la population française. Elle ne touche plus seulement les catégories les plus fragiles (67% des femmes, 70% des ouvriers, 69% des personnes dont le revenu mensuel net foyer est inférieur à 2.000 euros) mais aussi une partie très importante des catégories les plus favorisées comme les cadres supérieurs (43%) ou les tranches de revenus nets mensuels les plus élevées (43% des personnes dont le revenu mensuel net du foyer est supérieur ou égal à 3.000 euros).

>> La perception actuelle des Français de leur pouvoir d'achat

Conséquence directe d’une très forte fragilisation de leur situation financière, plus d’un Français sur deux dit devoir se contenter de l’essentiel, à savoir l’alimentation, la santé et le logement (46%), ou même être obligé de renoncer à des dépenses de première nécessité (8%).

Fort logiquement, les catégories les plus fragiles sont, là encore, surreprésentées au sein de la population des Français qui ont le plus de mal à s’en sortir. Au global, plus d’un Français sur deux déclare devoir se contenter du minimum ou être obligé de rogner sur ces dépenses essentielles (54%).

>> Le pronostic des Français sur leur pouvoir d'achat

En ce début d’année 2013, la majorité des Français n’a pas le sentiment de voir le bout du tunnel, loin s’en faut. Seul 12% d’entre eux se montrent optimistes et pensent que leur pouvoir d’achat va augmenter. Au sein de cette population qui pense que les choses vont s’arranger, on trouve une nette surreprésentation de personnes parmi les plus fragilisées: des inactifs (17%) ou encore des personnes dont le revenu mensuel net du foyer est inférieur à 1.200 € (19%). Il est probable qu’il s’agit de personnes qui "espèrent" surtout que la situation s’améliore plus qu’elles ne le "pensent" véritablement.

Les autres n'attendent pas d’amélioration. Dans le meilleur des cas, ils ne prévoient aucune évolution (31%). Plus grave, une majorité de Français considère que leur pouvoir d’achat va encore diminuer en 2013 (55%). Près d’une personne sur cinq considère même qu’il va "beaucoup" baisser (19%). La population française ne se démarque donc pas des prévisions les plus pessimistes émises par le FMI.

>> Les domaines dans lesquels les Français réduiraient leurs dépenses

Pour la majorité de Français qui prévoit une détérioration de son pouvoir d’achat, logiquement les nouvelles coupes budgétaires interviennent d’abord dans les domaines non essentiels de la consommation comme les loisirs (55%), les nouvelles technologies (52%) ou encore l’habillement (40%).

Sur ce dernier poste, toutes les enquêtes tentent à démontrer que les consommateurs attendent désormais de plus en plus les soldes pour acheter. Et encore, beaucoup semblent ne plus avoir les moyens d’acheter même à des prix avantageux. Sur ce point, le bilan définitif des soldes de janvier sera un indicateur intéressant à suivre.

L’automobile et les transports pourraient aussi être un poste d’économies importantes pour un certain nombre de Français (15%). Ces chiffres laissent à penser que les difficultés rencontrées par les constructeurs automobiles sur l’Hexagone risquent de perdurer encore assez longtemps.

Le poste alimentation, qui fait d’ores et déjà l’objet d’un contrôle assez sévère et sur lequel il n’est pas forcément évident d’en faire beaucoup plus, arrive derrière (10%), au même niveau que le poste de dépenses énergie qui fait l’objet d’une attention de plus en plus forte de la part des consommateurs (10%). La santé (3%) et le logement (2%), mais aussi les assurances (3%) sont beaucoup moins cités.

>> Les domaines dans lesquels les Français augmenteraient en priorité leurs dépenses

En ravanche, l’alimentation et le logement sont en tête des domaines dans lesquels les Français souhaiteraient augmenter leurs dépenses en cas de hausse de leur pouvoir d’achat.

Autre illustration de cette tendance des consommateurs à recentrer en priorité leurs dépenses sur l'essentiel si leur pouvoir d’achat augmentait : le poste santé est presqu’au même niveau que les loisirs (23% contre 29%).

De très nombreux consommateurs semblent d’ores et déjà s’être serrés la ceinture sur ce poste essentiel et paraissent vouloir augmenter leurs dépenses si une embellie était au rendez-vous. Ce sont là encore les catégories les plus fragilisées.

Fiche technique: Sondage Ipsos et CGI Business Consulting effectué pour CA COM et pour BFM TV auprès de 1023 personnes, selon la méthode des quotas, fin janvier. 

Baromètre du pouvoir d'achat BFM Business - CA Com by AudreyDufour

Emmanuel Lechypre