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France-Grande Bretagne: qui sortira le mieux de la crise?

La Grande Bretagne parait mieux armée pour sortir de la crise

La Grande Bretagne parait mieux armée pour sortir de la crise - -

Les deux pays sortent timidement de six ans de crise. Mais pour en arriver là, ils ont mené des politiques radicalement différentes, tant budgétaires que sociales. Qui donc a aujourd'hui le plus d'atouts pour rebondir ?

C’est une chance rare, pour les économistes, de pouvoir observer presque comme dans un laboratoire les effets de politiques économiques radicalement différentes. Ainsi la France et le Royaume-Uni sont des pays de taille comparable, à peu près également peuplés, caractérisés par une structure de PIB similaire (80% de services, plutôt la banque au Royaume-Uni,l’assurance en France).

Mais pour sortir de la crise, ils ont mené des politiques radicalement différentes. Paris a joué à fond les amortisseurs sociaux. Londres a privilégié la rigueur budgétaire et une politique de soutien aux entreprises. Qui, six ans après le début d’une crise qui a débuté en 2007, s’en sort mieux que l’autre?

La dette a davantage augmenté outre-Manche

Il y a d’abord la comparaison des photos 2007 et 2013, plutôt favorable à la France. Le niveau de PIB trimestriel est supérieur de presque 1% à son niveau de début 2007, alors qu'il est inférieur de 1% outre-Manche. Le niveau de vie aussi a moins baissé : -2,5% en six ans dans l’Hexagone, -3,9% au Royaume-Uni.

Les finances publiques semblent aussi mieux tenues à Paris : les déficits publics sont passés de 2,7% du PIB à 4,8% en six ans, et de 2,8 à 6,3% pour Londres. Quant à la dette, elle a augmenté de 20 points de PIB de plus au Royaume-Uni qu’en France

En revanche, et c’est loin d’être anecdotique, large avantage au Royaume-Uni sur le chômage, qui reste moins élevé outre-Manche après la crise (7,8%) qu’en France avant (8,8%!)

Un million d'emplois crées en Grande Bretagne

Et puis au-delà des photos, il y a le film, qui distingue deux périodes. La première court de 2007 à 2010. Elle est particulièrement violente au Royaume-Uni, quasiment deux fois plus qu’en France, puisque l’écart entre le trimestre le plus fort et le trimestre le plus faible sur la période atteint presque 7 points de PIB, contre à peine 4 points en France.

La baisse de la livre, provoquée par la politique monétaire très accomodante de la Banque d’Angleterre, a aidé : les exportations depuis 2007 ont gagné près de 7%, contre moins de 4% en France, ce qui a soutenu l’industrie manufacturière (baisse de -12% sur 5 ans contre -18% en France)

A souligner également : la croissance britannique a été globalement plus forte alors que la politique budgétaire était extrêmement austère, bien plus qu’en France, particulièrement pour les populations les moins favorisées. Le gouvernement Cameron a ainsi réalisé un effort de réduction des déficits publics de plus de 5 points de PIB entre 2009 et 2012, presque deux fois plus intense que celui de la France.

Compétitivité différente

Deuxième jambe du programme de conservateur de David Cameron : une politique de relance de l’économie à moyen terme centrée sur l’entreprise et l’entrepreneuriat, avec baisse de l’Impôt sur les sociétés et de la tranche maximale de l’Impôt sur le revenu, réduction de l’emploi public, développement des clusters entrepreneuriaux, moins nombreux mais plus gros qu’en France.

Résultat : depuis le creux de la récession fin 2009, la France a créé 150.000 emplois, mais le Royaume-Uni presque 1 million. Et dans les classements internationaux sur la compétitivité, le Royaume-Uni oscille autour des 7e ou 8e place, la France entre la 20 et la 34e place…

Emmanuel Lechypre