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Jupes, rouge à lèvres, pop-corn: 7 indicateurs économiques insolites

Selon l'ex-président d'Estée Lauder, les ventes de rouge à lèvres peuvent augmenter en temps de récession

Selon l'ex-président d'Estée Lauder, les ventes de rouge à lèvres peuvent augmenter en temps de récession - Squarespace - Pexels - CC

"Nombreux sont les indices et données susceptibles de donner le poul de l'économie. Certains sont pour le moins insolites, les observateurs s'attachant à trouver des causalités avec toute sortes de ventes ou de phénomènes."

Chômage, inflation, investissement, constructions de logements, ventes au détail, défaillances d'entreprise, indice manufacturier, production industrielle, coût de la main d'œuvre… La liste des indicateurs économiques est longue comme le bras.

Peut-être est-ce parce que ces statistiques sont franchement austères que certains économistes et autres experts ont tenté d'en trouver d'autres plus glamours (ou pas). Certains sites, comme Business Insider, en dénombre pas moins d'une quarantaine. BFMbusiness.com vous en dresse une petite sélection.

1/ Les ventes de table de ping-pong dans la Silicon Valley

Depuis l'éclatement de la bulle internet en 2001, les marchés redoutent qu'une nouvelle catastrophe arrive dans la high tech. Comment l'anticiper? Réponse: en regardant les ventes de table de ping-pong. En effet, dans bon nombre de start-up de la Silicon Valley, jouer au tennis de table au bureau représente un droit inaliénable pour les geeks.

Comme l'écrivait le Wall Street Journal au début du mois, la bonne santé des jeunes pousses serait fortement corrélée avec les ventes de ces tables. Au premier trimestre 2016, elles ont baissé de 50% quand dans le même temps le financement des start-up a fondu de 25%.

2/ La longueur des jupes des Américaines

"Les garçons ont les yeux qui brillent pour ce jeu de dupe, voir sous les jupes des filles", chantait Alain Souchon dans les années 90. Mais l'artiste ignorait probablement qu'un chercheur américain avait très sérieusement travaillé sur la corrélation entre la taille des jupes et l'état de l'économie.

George Taylor considérait ainsi, en 1926, que plus elles sont longues plus la croissance ralentit. On pourrait penser que cette vision est archaïque. Mais en 2010, des chercheurs néerlandais de l'Erasmus School of Economics s'étaient amusés à vérifier si cet indice tenait la route. Réponse: oui, mais avec un décalage de trois ans! Les femmes auraient donc tendance à rallonger leurs jupes trois ans après une crise... 

3/ Le rouge à lèvres

Leonard Lauder restera dans l'histoire pour au moins deux raisons. La première parce qu'il a présidé le géant des cosmétiques Estée Lauder fondé par ses parents Joseph (et Estée donc). La seconde parce qu'il a créé la théorie du "Lipstick Index", soit "l'indicateur du rouge à lèvres" (moins sexy en français). Son principe est le suivant: en temps de récession, les femmes délaissent les objets de luxe chers comme les sacs à main pour se rabattre sur le rouge à lèvres.

Une théorie qui a tenu un temps, les achats de rouge à lèvres ayant notamment doublé un mois après le 11 septembre, selon Investopedia. Sauf que, par la suite, elle n'a pas été vérifiée. Entre 2007 et 2009, les ventes ont continué de décliner alors que l'économie américaine était en pleine crise relève Time.com. Réponse de l'héritier Lauder, "il ne faut plus regarder le rouge à lèvres mais le vernis à ongle". Et la prochaine fois, parlera-t-il du mascara? 

4/ Les ventes de slips masculins

Nous avions consacré un long article à cet indicateur qui était âprement surveillé par l'ex-président de la Fed Alan Greenspan lorsqu'il était dirigeait le Council of Economic Advisers, chargé de conseiller le président Nixon. L'idée est que les hommes, contrairement aux femmes, estiment que les achats de sous-vêtements constituent une dépense secondaire, que l'on peut ainsi reporter en période de crise en gardant ses vieux slips.

À l'inverse les hommes auront tendance à en acheter lorsqu'ils sentent que leur situation économique s'améliore. Les ventes de sous-vêtements masculins seraient donc un signe avant-coureur de la reprise. Si une corrélation avec la croissance s'observe effectivement, les ventes de sous-vêtements ne dépendent aujourd'hui pas seulement de la demande mais aussi d'une offre qui s'est largement étoffée ces dernières années. 

5/ Le pop-corn

Dans la même veine, le pop-corn étant par essence une dépense secondaire au cinéma, ses ventes ont tendance à aller dans le sens de l'économie voire des marchés.

C'est ainsi qu'en 2009 que le groupe Odeon Cinemas remarque que les ventes de pop-corn semblaient étroitement corrélées avec les variations du Footsie, le principal indice boursier britannique. Rupert Gavin, le directeur général du groupe, indiquait alors que ce phénomène s'observait dans l'ensemble des autres pays européens.

Cette corrélation avait toutefois été constatée sur une courte période. À plus long terme elle semble beaucoup moins évidente. Selon le cabinet Technavio, les ventes de pop-corn sont censées croître à un rythme moyen de 7% entre 2016 et 2020. Ce qui a de bonne chances, au moins pour 2016, d'être bien plus fort que la progression du Footsie, en baisse de plus de 2% depuis le début de l'année.

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- © Odeon cinema

6/ La longueur des cheveux des Japonaises

Le très sérieux journal nippon Nikkei avait publié un article en 2008, dans lequel il affirmait que les Japonaises se coupent les cheveux lorsque l'économie commence à se dégrader et, au contraire, les laissent pousser lorsque la reprise s'amorce. Le quotidien des affaires se basait sur les données du groupe Kao, le plus grand fabriquant de biens de consommations dans le pays du Soleil levant. Un constat qui pourrait s'expliquer de par le fait que les femmes agiraient de la sorte pour dépenser moins dans les produits de soins capillaires.

Sauf qu'un consultant français basé à Tokyo et interrogé à l'époque par Bloomberg objectait que des cheveux courts peuvent être bien plus onéreux à entretenir. Richard Jerram, économiste chez Macquarie également interrogé par l'agence américaine, tournait lui en dérision ce nouvel indicateur, en affirmant qu'en 1998, la crise était telle au Japon que les femmes aurait même dû être chauves!

7/ Les talons aiguilles

Il faut croire que les achats des femmes intéressent grandement les observateurs. Des analystes du groupe IBM s'étaient ainsi basés sur de nombreuses données issues des réseaux sociaux ou des posts de blogs pour évaluer le rapport entre la bonne santé de l'économie et ...la hauteur des talons.

La conclusion de leur étude: "habituellement, en temps de récession économique, les talons deviennent plus hauts et le restent car c'est un synonyme de fantaisie et d'évasion", explique alors Trevor Davies, expert de la consommation de produits chez IBM Global Business Services.

Il remarque néanmoins qu'au moment de la publication de l'étude (en 2011) la hauteur des talons aiguilles n'a cessé de décliner depuis 2009. Davis considérait alors que l'austérité tenace amenait les consommateurs à, peut-être, faire preuve de sobriété.

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- © IBM