L’arrivée massive de réfugiés va profiter à l’économie allemande
La question agite régulièrement la sphère politique: l’immigration bénéficie-t-elle à l’économie? Dans sa note de conjoncture de décembre, publiée ce mardi, l’Insee ne livre pas de réponse définitive. Mais s’intéresse aux effets de l’arrivée massive de réfugiés en Allemagne, décidée par le gouvernement d’Angela Merkel en 2015. Et l’institut de statistiques se montre nettement optimiste, estimant que le phénomène a non seulement généré un choc de demande positif à court terme, mais qu’il entraînera également un choc d’offre à moyen terme.
Le premier choc s’explique par les dépenses supplémentaires engagées par le gouvernement allemand (environ 0,6% du PIB), notamment pour loger les réfugiés, mais aussi pour faciliter leur intégration: cours de langues, remise à niveau professionnelle.
Le secteur privé en a aussi bénéficié: après une baisse de 2% en 2015, le bâtiment a connu une hausse de 2,5% en 2016, puis de 4,3% en 2017 – les constructions de foyers collectifs et autres logements accueillant les nouveaux arrivants y sont pour beaucoup.
Les réfugiés s'intègrent lentement mais sûrement
Le second choc tient à l’augmentation de la population active, cruciale dans un pays qui peine à enrayer le vieillissement de sa population. D’après une enquête du Labour Force Survey, citée par l’Insee, la quasi-totalité de cette augmentation est en effet due à l’arrivée d’étrangers.
Et même si la grande majorité des réfugiés restent, pour l’instant, en dehors du marché du travail, "leur intégration, bien que lente, est en cours. Le nombre de réfugiés qui sont salariés soumis aux cotisations sociales est passé de 70.000 début 2015 à environ 160.000 mi-2017. Par ailleurs, environ 350.000 réfugiés entrés sur le territoire depuis 2015 sont en sous-activité et se sont donc insérés sous des formes précaires (principalement via des mini-jobs)" écrit l’Insee.
Ainsi, à raison de 100.000 réfugiés accédant au marché du travail chaque année pendant quatre ans, ces derniers "contribueraient en moyenne à hauteur de 0,2 à 0,3 point à la croissance annuelle de la population active". Ils amélioreraient ainsi l’offre de main d’oeuvre, alors que de plus en plus d’entreprises allemandes peinent à recruter.