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L'Insee prédit une nouvelle hausse du pouvoir d'achat des Français

Le pouvoir d'achat est bien parti pour progresser fortement en 2016

Le pouvoir d'achat est bien parti pour progresser fortement en 2016 - Rémy Gabalda - AFP

"Dans sa dernière note de conjoncture, l'Insee estime que les ménages disposeront cette année de plus d'argent pour consommer. Cette nouvelle hausse du pouvoir d'achat intervient après une bonne année 2015. De quoi doper la croissance."

C'est l'une des principales attentes des Français pour cette année: voir leur pouvoir d'achat augmente. Il figurait même en bonne place dans les vœux des ménages tricolores, selon un sondage Odoxa publié le 31 décembre dernier, juste derrière la baisse du chômage et la diminution de la précarité.

Et ce souhait a toutes les chances de se réaliser cette année, si l'on en croit l'Insee. Dans sa dernière note de conjoncture, l'institut en charge des statistiques nationales estime que le bon début d'année que devrait connaître l'économie française s'explique en grande partie par la hausse du pouvoir d'achat. "Alors que les salaires progressent nettement et que l'emploi accélère graduellement, le pouvoir d'achat des ménages est d'autant plus dynamique", résume Vladimir Passeron, le chef du département conjoncture de l'Insee.

Mieux encore qu'en 2015?

L'institut estime ainsi que le pouvoir d'achat des ménages en France va progresser de 0,8% sur les six premiers de 2016. Et la dynamique, en rythme annuel, est on ne peut plus encourageante: à fin juin 2016, elle serait de 1,7% par rapport à la même période de 2015, soit plus que l'an passé (+1,4%).

Ce qui, a priori, est réjouissant. En effet, en 2015, le pouvoir d'achat avait déjà bondi de 1,7% sa plus forte hausse depuis 2007. Cette année 2016 a donc de bonnes chances d'être encore meilleure. D'autant que "l'acquis de pouvoir d'achat" pour 2016 serait déjà de 1,2% au premier semestre, selon l'Insee. Pour faire simple, cela veut dire que même s'il stagne au deuxième semestre, le pouvoir d'achat augmenterait quand même de 1,2% en 2016.

Moins de 10% de chômage

Qu'est ce qui explique ces bons chiffres? Tout un ensemble de choses. D'abord l'inflation restera encore quasi-nulle au premier semestre notamment à cause de la chute des prix du pétrole. "La baisse des matières premières va continuer de se diffuser", indique ainsi Dorian Roucher, chef de la division synthèse conjoncturelle à l'Insee.

Ensuite, les salaires vont continuer d'augmenter. L'Insee retient une hausse de 0,5% sur les six premiers mois de 2016. Pas transcendant. Sauf que dans le même temps, l'emploi va retrouver des couleurs. Dans la continuité de l'excellente année 2015 (82.000 emplois marchands créés) 37.000 postes vont encore être créées dans le privé sur les six premiers mois. Et au final le chômage baisserait. En France métropolitaine, il descendrait sous les 10%, à 9,9% à fin juin 2016 (contre 10% en décembre). Mécaniquement, les personnes ne pointant plus à Pôle Emploi vont voir leurs revenus augmenter. 

Par ailleurs, les prestations sociales (RSA, allocations familiales) vont rester dynamiques (+0,8% de hausse et un acquis de +0,5%). Enfin les revenus fonciers (les loyers que touchent les propriétaires immobiliers par exemple) vont continuer leur progression: +0,2% au premier trimestre et +0,7% au deuxième. Avec la faiblesse des taux due à la politique monétaire hyper active de la BCE, "il y a eu des vagues de renégociation des crédits immobiliers qui ont profité aux ménages emprunteurs et qui vont se poursuivre en 2016", souligne Dorian Roucher.

Tout ceci fait que les revenus des ménages vont progresser plus fortement que les impôts et cotisations qu'ils paient. Autant de raisons qui vont doper le pouvoir d'achat.

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- © Insee

Une bonne nouvelle donc pour les ménages mais aussi pour la conjoncture. En effet, "le dynamisme du pouvoir d'achat va porter l'ensemble des composantes de la consommation", note Dorian Roucher. E,t justement, la consommation des ménages va "rebondir nettement" souligne l'Insee, après avoir été pénalisée par les attentats en fin d'année.

Euro 2016 et TNT

Comme le montre le graphe ci-dessous, ce rebond n'est pas seulement dû à un simple effet saisonnier qui pourrait s'expliquer par des dépenses de chauffage plus fortes en raison de températures moins clémentes. L'ensemble des biens et services sont concernés, notamment les biens manufacturés. L'Insee table ainsi sur un rebond des achats d'habillement et d'automobiles. Mais aussi sur des effets ponctuels sur les ventes de télé en raison des nouvelles normes de diffusion TNT (qui rendraient obsolescents certains postes) et de l'organisation de l'Euro 2016 en France. Pour voir les Bleus jouer, certains fans de football profiteraient ainsi de l'occasion pour s'offrir un téléviseur plus performant.

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- © Insee

Tout ceci va donc permettre à la consommation des ménages de progresser de 0,8% au premier trimestre puis de 0,4% au deuxième, contribuant grandement à la bonne tenue de la croissance française pour ce début d'année. À ce titre, on notera que si l'Il n'a pas revu à la hausse ses prévisions pour les deux premiers trimestres (0,4% de croissance au premier comme au deuxième), l'Insee table toutefois sur un acquis de croissance plus fort, à 1,1% à fin juin (contre 1% auparavant).

Ce qui veut tout simplement dire que si la croissance est nulle sur la deuxième partie de 2016, le PIB progresserait quand même de 1,1% en 2016 soit autant qu'en 2015. La confiance est donc de mise. "Il y a de quoi être plus optimiste sur le scénario pour 2016", confirme d'ailleurs du bout des lèvres Vladimir Passeron.

Le ciel s'éclaircit aussi pour les entreprises

Si les ménages ont de quoi se réjouir, il en est de même pour les entreprises. Selon les prévisions de l'Insee, leur taux de marge va passer de 31,1% fin 2015 à 32,5% au deuxième trimestre 2016, toujours aidé par les mesures de baisse du coût du travail du gouvernement. Logiquement, si leurs marges se redressent, les entreprises devraient se montrer plus enclines à investir: l'Insee table sur une hausse de 3,3% sur un an à fin juin 2016.