La France plaît davantage aux investisseurs étrangers mais...
Ce sont des chiffres mi-figue mi-raisin. A en juger de prime abord, la France a été plus attractive en 2014, selon le baromètre 2015 de E&Y publié ce mercredi 27 mai.
L'Hexagone a en effet été la cible de 608 décisions d'investissement direct étrangers (IDE), un chiffre en hausse de 18% par rapport à 2013. Pour tout dire, la France fait mieux que la moyenne de l'Union européenne (+10%), et conserve le troisième rang en Europe, derrière le Royaume-Uni (887 décisions d'IDE) et l'Allemagne (763 décisions).
Seulement, plusieurs nuances doivent être apportées. Tout d'abord, sur 10 ans, l'Hexagone a connu une croissance de ses investissements étrangers bien plus faible que ses deux rivales.
En 2005, Paris était encore au coude à coude avec Londres (538 décisions contre 559 pour le Royaume-Uni) et largement devant Berlin (182). La tendance a changé en 2010, année où l'Allemagne est passée devant, sans ne plus jamais être inquiétée par l'Hexagone. Le Royaume-Uni, de son côté a tracé son chemin en tête.
Au final, sur la période 2009-2014, la France a connu une hausse de 15% du nombre de projets d'implantations, contre 83% pour l'Allemagne et 31%pour le Royaume-Uni.
Moins d'emplois créés
Deuxième point noir: la hausse du nombre de décisions d'IDE en 2014 ne s'est pas accompagnée par une augmentation de l'emploi, au contraire. Les créations de postes liées à aux IDE ont en effet reculé de 11% par rapport 2013. 12.577 emplois ont été créés, soit 2,5 fois moins qu'au Royaume-Uni.
"Les entreprises à capitaux étrangers, investisseurs prudents, adaptent leurs implantations au contexte fiscal et social français, notamment à un coût du travail encore jugé comme prohibitif", expliquent les auteurs de l'étude qui se demandent ainsi si la hausse des investissements étrangers ne reflètent pas une tendance "en trompe-l'œil".
Là encore, les chiffres sur un horizon plus long sont criants. Sur la période 2009-2014, le nombre d'emplois liés aux IDE a baissé de 6% en France alors qu'il a progressé de 56% au Royaume-Uni et de 130% en Allemagne!
Le coût du travail comme priorité
De fait l'analyse de E&Y fait la part belle à la nuance. Si la France demeure, selon le cabinet, la première destination européenne pour les implantations industrielles en 2014 (avec 231 implantations, soit 65 de plus qu'en 2013), 80% de ces projets sont principalement issus d'extensions d'activités existantes et de tailles réduites.
De même, l'Hexagone améliore son image auprès des investisseurs internationaux, 68% d'entre eux considérant que la France est une localisation satisfaisante, soit 4 points de plus que l'année dernière. Mais malheureusement, seuls 45% des investisseurs non implantés en France partagent ce point de vue.
Pour aller de l'avant, les investisseurs sondés par E&Y estiment avant tout que Paris doit mener des réformes portant d'abord sur l'allègement du coût du travail (44% des 206 dirigeants d'entreprise interrogés) et ensuite sur l'assouplissement de l'environnement administratif et juridique (40%) puis sur la fiscalité (37%).