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La France plaît davantage aux investisseurs étrangers mais...

La France reste la première destination européenne pour les investissements industriels étrangers (image d'illustration)

La France reste la première destination européenne pour les investissements industriels étrangers (image d'illustration) - Franck Pennant - AFP

En 2014, l'Hexagone a connu une hausse de 18% du nombre d'implantations sur son sol, selon le baromètre E&Y de 2015. Seulement voilà, ces investissements génèrent moins d'emploi, avec un recul de 11% par rapport à 2013.

Ce sont des chiffres mi-figue mi-raisin. A en juger de prime abord, la France a été plus attractive en 2014, selon le baromètre 2015 de E&Y publié ce mercredi 27 mai.

L'Hexagone a en effet été la cible de 608 décisions d'investissement direct étrangers (IDE), un chiffre en hausse de 18% par rapport à 2013. Pour tout dire, la France fait mieux que la moyenne de l'Union européenne (+10%), et conserve le troisième rang en Europe, derrière le Royaume-Uni (887 décisions d'IDE) et l'Allemagne (763 décisions).

Seulement, plusieurs nuances doivent être apportées. Tout d'abord, sur 10 ans, l'Hexagone a connu une croissance de ses investissements étrangers bien plus faible que ses deux rivales.

En 2005, Paris était encore au coude à coude avec Londres (538 décisions contre 559 pour le Royaume-Uni) et largement devant Berlin (182). La tendance a changé en 2010, année où l'Allemagne est passée devant, sans ne plus jamais être inquiétée par l'Hexagone. Le Royaume-Uni, de son côté a tracé son chemin en tête.

Au final, sur la période 2009-2014, la France a connu une hausse de 15% du nombre de projets d'implantations, contre 83% pour l'Allemagne et 31%pour le Royaume-Uni.

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Moins d'emplois créés

Deuxième point noir: la hausse du nombre de décisions d'IDE en 2014 ne s'est pas accompagnée par une augmentation de l'emploi, au contraire. Les créations de postes liées à aux IDE ont en effet reculé de 11% par rapport 2013. 12.577 emplois ont été créés, soit 2,5 fois moins qu'au Royaume-Uni.

"Les entreprises à capitaux étrangers, investisseurs prudents, adaptent leurs implantations au contexte fiscal et social français, notamment à un coût du travail encore jugé comme prohibitif", expliquent les auteurs de l'étude qui se demandent ainsi si la hausse des investissements étrangers ne reflètent pas une tendance "en trompe-l'œil".

Là encore, les chiffres sur un horizon plus long sont criants. Sur la période 2009-2014, le nombre d'emplois liés aux IDE a baissé de 6% en France alors qu'il a progressé de 56% au Royaume-Uni et de 130% en Allemagne!

Le coût du travail comme priorité

De fait l'analyse de E&Y fait la part belle à la nuance. Si la France demeure, selon le cabinet, la première destination européenne pour les implantations industrielles en 2014 (avec 231 implantations, soit 65 de plus qu'en 2013), 80% de ces projets sont principalement issus d'extensions d'activités existantes et de tailles réduites.

De même, l'Hexagone améliore son image auprès des investisseurs internationaux, 68% d'entre eux considérant que la France est une localisation satisfaisante, soit 4 points de plus que l'année dernière. Mais malheureusement, seuls 45% des investisseurs non implantés en France partagent ce point de vue.

Pour aller de l'avant, les investisseurs sondés par E&Y estiment avant tout que Paris doit mener des réformes portant d'abord sur l'allègement du coût du travail (44% des 206 dirigeants d'entreprise interrogés) et ensuite sur l'assouplissement de l'environnement administratif et juridique (40%) puis sur la fiscalité (37%).

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J.M.