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La France, troisième pays le plus innovant du monde

La France figure à la troisième place de deux classements réputés

La France figure à la troisième place de deux classements réputés - Fred Tanneau - AFP

L'Hexagone arrive sur la dernière marche du podium aussi bien dans le top 100 de Thomson Reuters, que dans le Top 50 du très réputé Boston Consulting Group.

Cela mérite bien un "Cocorico!". Coup sur coup, la France se positionne à la troisième place de deux classements prestigieux. Ainsi, l'Hexagone place 10 entreprises dans le top 100 des sociétés les plus innovantes de Clarivate Analytics, la filiale scientifique de Thomson Reuters (qui n'établit pas de classement parmi les sociétés). Si les États-Unis (39 entreprises citées) et le Japon (34) arrivent loin devant, la France se paie quand même le luxe de devancer l'Allemagne (4).

Certes, on peut légitimement s'interroger sur la présence du CNRS, du Commissariat à l'énergie atomique ou de l'IFP Energies nouvelles (l'ex-institut français du pétrole) qui sont en fait des organismes publics. Mais d'une part, les autres pays aussi ont des institutions publiques qui figurent dans le classement (l'Université de Californie et l'institut Fraunhofer font également partie de ce top 100). D'autre part, même en retirant ces trois acteurs importants, la France conserve sept groupes (Alstom, Arkéma, Safran, Saint Gobain, Thales,Total, Valeo) et devance toujours nettement l'Allemagne.

Des résultats "encourageants"

Dans le classement des 50 entreprises les plus innovantes du Boston Consulting Group, publié ce jeudi 12 janvier, la France place cette fois 3 entreprises (Axa est 30e, Renault 38e, Orange 44e). Les États-Unis caracolent en tête (34 sociétés sur 50!) devant l'Allemagne (6 entreprises) et le Japon, troisième à égalité avec la France. Des résultats que le BCG juge "encourageants" pour l'Hexagone.

Est-ce à dire que la France est vraiment la troisième économie la plus innovante du monde? De fait, la question revient à définir ce qu'est l'innovation et comment la mesurer.

Dans son classement, Clarivate Analytics a retenu comme référentiel des entreprises qui ont déposé plus de 100 brevets sur les cinq dernières années. Clarivate a également vérifié que ces brevets aient eu un certain impact sur leur secteur, qu'ils aient été déposés sur plusieurs continents et si l'entreprise avait su protéger ces dépôts. Le BCG, pour sa part, fonde en grande partie son classement sur la base d'un sondage auprès de 1.500 responsables de l'innovation, en leur demandant quelles entreprises sont les plus innovantes dans et en dehors de leur secteur.

La force des grands groupes

Au final, ces deux classements démontrent surtout la capacité d'innovation des grandes entreprises tricolores dans des secteurs où l'Hexagone a toujours été une référence (télécoms, aéronautique, défense et énergie), ainsi que la vigueur de notre recherche publique.

Mais au-delà des fleurons de notre industrie, l'innovation en France a quelques faiblesses.

Dans une étude publiée il y a un an, France Stratégie, un organisme public de recherche et de prospective économique, déplorait que les dépenses intérieures de R&D des entreprises ne dépassent pas 1,5% du PIB (elles sont de près de 2% en Allemagne). "En France, l’étiolement de l’industrie a eu pour conséquence une baisse du niveau spontané de la R&D, en particulier en comparaison de l’Allemagne", notait France Stratégie.

"Indépendamment de l’effort de R&D, le système d’innovation de notre pays se caractérise par un niveau de performance largement perfectible, à en juger par les données empiriques disponibles, qu’il s’agisse de classements dans les palmarès internationaux sur la base d’indices synthétiques de performance, ou de comparaisons internationales concernant des indicateurs individuels: dépôts de brevets, proportion d’entreprises innovantes…", développait France Stratégie.

Des classements moins flatteurs

Il est vrai que sur des indicateurs plus globaux, les différents classements ne sont pas aussi flatteurs que ceux du BCG et de Thomson Reuters.

Dans le dernier classement de l'organisation mondiale de la propriété intellectuelle et de la Johnson Cornwell University, qui se base sur de nombreux critères, la France pointait ainsi au 18e rang, coincée entre la Nouvelle-Zélande et l'Australie, loin derrière le Royaume-Uni (3e), les États-Unis (4e) et l'Allemagne (10e). Dans la même veine, dans son rapport annuel sur la compétitivité, le Forum économique de Davos ne classe l'Hexagone que 20e sur la "capacité à innover" (basée sur une quinzaine de critères comme le nombre de brevets mais aussi la capacité à commercialiser de nouveaux produits), là encore loin derrière l'Allemagne (4e), les États-Unis (6e), ou le Royaume-Uni (12e).