Le chômage affiche sa plus forte hausse depuis avril 2013
L'accalmie aura finalement été de courte durée pour le gouvernement. Après avoir reculé de 2,6% au mois de septembre, soit la plus forte baisse depuis fin 2007, le nombre de demandeurs d'emploi en France a de nouveau augmenté au décembre.
Ainsi 42.000 chômeurs sans aucune activité (catégorie A) sont venus grossir les rangs de Pôle Emploi au mois d'octobre, soit une hausse de 1,2% par rapport à septembre, la plus forte depuis avril 2014. "Ces chiffres ne sont pas satisfaisants; ils doivent néanmoins être interprétés avec prudence car les résultats de ces derniers mois connaissent de fortes variations" a immédiatement réagi la ministre du Travail Myriam El Khomri dans un communiqué. Elle ajoute espérer que "la baisse s'enclenchera en 2016".
Voilà pour les chiffres que les observateurs commenteront. Mais une autre statistique mérite d'être soulignée: +17,3%, soit la hausse sur un an du nombre de personnes inscrites depuis plus de trois ans à Pôle Emploi dans les catégories A, B, C, (c'est-à-dire à la fois les chômeurs ne travaillant pas du tout et ceux qui doivent se contenter d'un emploi à temps partiel ne correspondant pas à leur souhait).
Ainsi, au 31 octobre dernier, le nombre d'inscrits à Pole emploi depuis au moins 36 mois a passé un cap symbolique. Ils sont désormais plus de 800.000.
6% de plus en deux ans
Le chômage de longue durée touche ainsi de plus en plus de Français. Et mois après mois, la part des demandeurs d'emplois qui attendent depuis plus d’un an de décrocher un poste à plein temps grimpe à un rythme plus élevé que celles des chômeurs inscrits plus récemment.
Pôle Emploi comptait ainsi fin octobre 2,436 millions de personnes inscrites depuis plus de 12 mois dans ses registres (toutes catégories confondues), soit 45% de la totalité des demandeurs d’emplois. Chiffre qui n'était que de 39% il y a trois ans, en octobre 2012.
Or plus un chômeur attend de retrouver un emploi, moins il a de chance d'y arriver. "La durée moyenne d’inscription sur les listes de demandeurs d’emploi atteint aujourd’hui 562 jours (1 an et demi, ndlr), alors qu'elle n’était que de 390 jours début 2009", expliquait en octobre l'économiste du Coe-Rexecode Axelle Lacan.
Or, rappelait-elle, "on peut estimer qu’au-delà de 540 jours d'inscription sur les listes de demandeurs d’emploi, il y a un décrochage dans la probabilité de retrouver un emploi". Autrement dit, de nombreux chômeurs se situent dans une zone rouge où il devient très difficile de retrouver un poste.