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Le plan de Hollande peut-il relancer l'emploi?

Le président de la République a dévoilé ce lundi son plan pour l'emploi. Si les mesures qu'il contient ont certaines vertus, leur impact sur le chômage risque d'être relativement faible et limité dans le temps.

François Hollande a désormais sorti son atout maître pour lutter contre le chômage, alors que près de 650.000 personnes ont rejoint Pôle emploi depuis son élection. Le président de la République a ainsi livré ce lundi 18 janvier les détails de son plan pour l'emploi de 2 milliards d'euros, avec notamment l'annonce d'une "prime" à l'embauche.

Cette dernière prendra la forme d'une aide forfaitaire de 2.000 euros pour les entreprises de moins de 250 salariés pour tout nouveau CDI ou CDD de six mois lorsque le salaire sera compris entre 1 et 1,3 SMIC, soit de 1.141 euros nets à environ 1.480 euros. Des chiffres à comparer avec le salaire médian qui s'élève à 1.772 euros. Cette aide sera valable pendant deux ans, d'ici donc à 2017. Comme l'a souligné François Hollande elle doit en ce sens assurer la transition avec le Crédit d'impôt compétitivité pour l'emploi (CICE) qui, a promis le président de la République, sera transformé définitivement en baisse de charges comme le réclamait le patronat.

Une prime "ad hoc"?

Et concernant cette prime, "le ciblage de cette aide sur les PME et les bas salaires est intéressant", fait remarquer Mathieu Plane, économiste à l'OFCE. En effet, "les études économétriques ont toutes démontré que les mesures sont plus fortes lorsqu'elles sont prises au niveau du SMIC", complète-t-il. En ce sens, il estime "qu'il y aura un effet sur l'emploi".

Mais Mathieu Plane nuance tout de suite son propos. "Cet effet ne sera pas énorme car il se fera à hauteur de l'enveloppe soit 1 milliard d'euros (le coût de la prime, ndlr) ce qui n'est pas énorme comparé aux 30 milliards d'euros du pacte de responsabilité. En fait on comprend bien que le gouvernement essaie de créer des mesures incitatives qui ont un coût faible".

Augustin Landier, professeur à la Toulouse School of Economics, partage un avis similaire. "La prime agit sur les bas salaires et a un effet incitatif, ce qui sont deux bonnes choses", considère-t-il. "Le problème c'est qu'il y a des effets de seuil, que ce soit en termes de salaire, de taille d'entreprise et de temps, qui peuvent créer des effets pervers", pointe-t-il. 

Augustin Landier regrette en ce sens que la mesure "soit une mesure ad hoc qui au lieu de changer profondément le système cherche à créer un trou d'air, avec un côté 'prime à la casse'". "La mesure n'est pas idiote et le mécanisme est optimal s'il consiste à faire baisser le chômage à court terme, mais à long terme cela pose davantage de problèmes", ajoute-t-il.

Le court terme avant tout

Outre cette prime, François Hollande a annoncé que la future réforme du code du travail permettrait aux accords d'entreprise, tout en respectant la durée légale des 35 heures, de procéder à des assouplissements sur le temps de travail, notamment sur la majoration des heures supplémentaires.

Pas une mauvaise idée pour Augustin Landier: "Cela donne plus de flexibilité et permet d'avoir une négociation plus adaptée à la problématique de l'entreprise". Mathieu Plane est plus dubitatif: "Je ne pense pas qu'il y ait énormément d'accords signés", juge-t-il, notamment parce qu'à l'heure actuelle, la majoration des heures supplémentaires est déjà relativement faible (10%).

L'économiste de l'OFCE fait également remarquer que le milliard d'euros dévolu à la formation de 500.000 chômeurs "est une bonne chose car il y a une perte en capital humain pour les chômeurs de longue durée". Mais si cette mesure permet d'améliorer l'employabilité des chômeurs "les formations ne généreront pas d'emploi en tant que tel dans le contexte actuel. Il faudrait pour cela que les entreprises aient des difficultés à recruter ce qui n'est pas le cas en ce moment. Il s'agit donc de mesures d'accompagnement", poursuit-il.

L'économiste du COE-Rexecode Axelle Lacan dresse, elle, la conclusion suivante: "À court terme, ces mesures auront certainement un effet favorable, même si la question de leur mise en œuvre (notamment pour les formations) et de leur financement reste posée. À plus long terme, l’effet est beaucoup plus ambigu".