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"Les JO seront un tournant économique pour le Brésil"

Les JO risquent d'avoir changé la perception que les gens ont du Brésil

Les JO risquent d'avoir changé la perception que les gens ont du Brésil - Leon Neal - AFP

Partenaire des Jeux Olympiques, Bradesco est devenu il y a peu la deuxième plus grande banque du Brésil. Malgré l’instabilité politique, elle veut croire que le plus gros de la crise est désormais passé. En témoigne l’optimisme de son chef économiste Octavio Rodrigues de Barros. Entretien.

> Après l’organisation de la Coupe du monde et les Jeux olympiques, quel regard portez-vous sur l’impact de ces deux événements? 

Octavio Rodrigues de Barros: La Coupe du monde a été un succès en termes d’organisation, mais un désastre en termes de dépenses. Tout simplement car c’est l’argent public qui a financé l’événement, sans que cela ait un impact significatif sur l’économie. Les JO, de leur côté, ont coûté beaucoup moins cher, et ont été financés essentiellement par des fonds privés. 

> Les JO vont-ils donner un nouveau souffle à la croissance du pays? 

O.B: C’est peu probable à court terme. En revanche, le Brésil a montré lors de ces Jeux qu’il était capable d’organiser un événement de manière disciplinée, un domaine dans lequel le pays possède traditionnellement d’énormes lacunes. C’est une très bonne chose pour la perception globale du pays à l’étranger. En ce sens, je suis convaincu que ces JO représenteront un tournant économique pour le Brésil. 

> Ces Jeux interviennent en pleine période de transition politique. En a-t-on fini avec l’instabilité au Brésil? 

O.B: Le 31 août (date de la destitution probable de Dilma Rousseff, ndlr), nous devrions renouer avec une forme de stabilité. Nous allons revenir à une forme de politique plus prévisible, ce qui est une bonne chose. D’autant qu’à mon sens l’équipe en place envoie un message extrêmement positif aux investisseurs: malgré l’augmentation du taux de chômage, l’ensemble des indicateurs montrent que la confiance est de retour. 

> Quels sont selon vous les chantiers prioritaires pour le Brésil? 

O.B: Il est indispensable de stabiliser la dépense publique, car le Brésil n’a historiquement aucune discipline budgétaire. Le temps des réformes est désormais venu, notamment l’énorme chantier de la Sécurité sociale. Cette réforme devrait être longue et imprévisible, mais nécessaire. Rendez-vous compte: proportionnellement au PIB, le Brésil, qui est un pays jeune, dépense autant que le Japon dont la moyenne d’âge est bien plus élevée!

> Faut-il réduire la présence de l’Etat dans l’économie?

O.B: Aujourd’hui, le Brésil est l’économie la plus fermée des 40 pays les plus développés du monde. Une ouverture commerciale est donc essentielle à mes yeux. Cela passera par un programme de privatisations, mais aussi par une alliance forte avec l’Argentine. Aujourd’hui, le principal désaccord porte sur le secteur automobile, et ne semble donc pas être insurmontable.