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Les PME n'ont pas été aussi optimistes depuis cinq ans

Que ce soit en termes d'activité ou d'investissements, les entreprises de moins de 250 salariés font part d'un optimisme inédit depuis plusieurs années, selon la 62ème enquête de conjoncture PME de Bpifrance publiée ce lundi 25 janvier.

L'horizon semble bel et bien s'éclaircir en 2016 pour l'économie tricolore. Car les indicateurs se suivent et se ressemblent. La semaine dernière, le baromètre des grandes entreprises établi par Eurogroup et l'Observatoire BFM Business montrait que les grandes entreprises retrouvaient foi dans la France, tablant sur une hausse de leur activité et de leurs investissements dans l'Hexagone.

Ce lundi 25 janvier, la 62ème enquête de conjoncture PME de Bpifrance vient cette fois démontrer que tous les indicateurs sont également au vert pour les entreprises de plus petite taille. Comme chaque année, l'étude a été construite en interrogeant en novembre dernier 29.400 entreprises de moins de 250 salariés avec un chiffre d'affaires inférieur à 50 millions d'euros.

Pour chaque grande thématique (activité, investissement, trésorerie), les auteurs de l'étude ont demandé à chaque société si elle tablait sur une hausse ou une baisse. Et pour dégager des tendances, Bpifrance a ensuite construit des soldes d'opinion, c'est-à-dire la différence entre le pourcentage de sociétés optimistes et pessimistes. Un chiffre négatif sur l'investissement signifie ainsi qu'il y a plus d'entreprise qui anticipent une baisse qu'une hausse.

Une embellie qui va prendre de l'ampleur

Et cette année, les résultats atteignent des niveaux pour le moins encourageants. "La légère embellie de la situation des PME en 2015 devrait se confirmer voire prendre un peu plus d’ampleur en 2016", résume Bpifrance.

Le chiffre le plus impressionnant est celui de l'activité, c'est-à-dire le chiffre d'affaires et les emplois. Le solde d'opinion atteint +17, soit un bond de 17 points par rapport à la précédente étude, l'année dernière, où il était de 0. Un tel chiffre n'avait plus été observé depuis l'année 2010. Trois secteurs sont plus particulièrement optimistes: l'industrie, les services aux entreprises et le commerce de gros.

"En effet, les dirigeants de PME de ces secteurs s’attendent à un sensible renforcement de la demande au premier semestre 2016, avec des carnets de commandes orientés à la hausse pour les 6 prochains mois", souligne Bpifrance.

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L'investissement accélère

Autre point positif, l'investissement. Le solde d'opinion s'élève à +12 soit son meilleur niveau depuis 2011. "Les anticipations d’évolution des dépenses d’investissement en 2016 sont les plus positives dans l’industrie ainsi que dans le commerce de détail et de gros", commente Bpifrance.

"En revanche, l’attentisme prévaut dans les transports et surtout dans les travaux publics", ajoute-t-elle.

De bon augure néanmoins alors que l'investissement a peiné à décoller l'an passé. "Au fur et à mesure des révisions de l'Insee, on constate que le fort rebond annoncé pour 2015 n'a, jusqu’ici, pas eu lieu", expliquait fin décembre à BFMbusiness.com l'économiste de Natixis Véronique Janod.

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Enfin, il est un indicateur qui reste dans le rouge mais qui se redresse: la trésorerie. Les entreprises ont cette fois été interrogées sur leur situation financière sur les six derniers mois de 2015. Et le solde d'opinion s'établit à -21, ce qui signifie que les patrons de PME sont bien plus nombreux à faire part d'une dégradation qu'une amélioration de leur trésorerie.

Oui mais voilà: traditionnellement les PME ont de toute façon une opinion très négative sur cet indicateur. En fait, on observe plutôt une éclaircie. Ce chiffre de -21 traduit ainsi un bond de 9 points par rapport à l'an dernier!

Des PME aux situations bien différentes

Le gouvernement y serait-il pour quelque chose? Difficile d'en avoir la certitude. Mais on sait qu'en novembre dernier, Bercy avait dévoilé la liste des cinq groupes qui constituaient les plus mauvais payeurs. Ce alors que bon nombre de PME souffrent des délais de paiement interentreprises qui sont actuellement au plus haut depuis 10 ans, avec 13,6 jours de retard selon le cabinet Altares.

On notera que toutes les PME ne semblent pas lutter à armes égales face à la conjoncture. BPIFrance distingue deux groupes. L'un constitue celui des PME "en croissance" qui sont assez grosses (10 à 250 salariés) et opèrent dans les transports, les services aux entreprises, l'industrie et le commerce, avec très souvent une activité à l'export. À l'inverse les "PME à la traîne" recouvrent plutôt les secteurs de la construction, du tourisme et des services aux particuliers et sont généralement de taille plus modeste (1 à 9 salariés).