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Pourquoi 2017 ne sera pas une très bonne année pour le pouvoir d'achat

Le pouvoir d'achat des Français va fléchir en 2017

Le pouvoir d'achat des Français va fléchir en 2017 - Philippe Huguen - AFP

Dans sa note de conjoncture publiée ce jeudi 16 mars, l'Insee table sur une bonne tenue de la croissance et une baisse du chômage d'ici à la mi-juin. Mais la croissance du pouvoir d'achat des ménages va s'essouffler à cause de l'inflation.

C'est un portrait plutôt flatteur de l'économie française que peint l'Insee. Dans leur dernière note de conjoncture, qui s'arrête à fin juin 2017, ses statisticiens tablent ainsi sur un bon début d'année pour l'activité tricolore.

"Depuis décembre, les incertitudes politiques ne se sont pas dissipées mais le climat conjoncturel reste favorable, le climat des affaires fait mieux que de résister et la confiance des ménages n'est pas entamée", souligne Vladimir Passeron, chef du département conjoncture.

Le chômage en baisse

Concrètement, la croissance augmenterait de 0,3% au premier trimestre puis de 0,5% au deuxième. En décembre dernier, elle ne tablait que sur 0,4%. Sans être mirobolante, la croissance française serait au moins aussi soutenue qu'en Allemagne, sur la première moitié de l'année (0,4% au premier trimestre puis 0,5% au deuxième, selon l'Insee).

Sauf que ce rebond fait suite à un dernier semestre sur 2016 plutôt médiocre. L'acquis de croissance à fin juin 2017 risque donc de se limiter à 1,1%. Ce qui signifie que si le PIB français fait du surplace sur la deuxième moitié de 2017, la croissance annuelle resterait inférieure à celle observée en 2016. De quoi permettre à l'économie française de créer encore 93.000 emplois sur les six premiers mois, entraînant une baisse du nombre des demandeurs d'emploi. Le taux de chômage passerait de 10%, à la fin 2016, à 9,8% fin juin (Dom compris).

La faute à l'inflation

Ces bonnes nouvelles sont néanmoins assorties d'une prévision moins réjouissante pour le porte-monnaie des Français. L'Insee estime que la progression de leur pouvoir d'achat "va ralentir". À fin juin 2017, la croissance du pouvoir d'achat des ménages serait deux fois moindre qu'à la même date en 2016 (0,7% contre 1,6%).

Comment expliquer que le chômage baissant et la croissance économique se stabilisant, la progression du pouvoir d'achat perde autant en intensité. Tout simplement parce que les prix repartent à la hausse. "La remontée de l'inflation après trois années de stabilité des prix se traduirait par un net infléchissement du pouvoir d'achat des ménages", observe ainsi Dorian Roucher, chef de la division synthèse conjoncturelle de l'Insee.

L'ensemble de la zone euro concernée

L'Inflation (1,1%) va en effet grignoter la progression de 1,5% des revenus dits d'activité (salaire, rémunération octroyée aux travailleurs indépendants, etc…). A quoi il faudrait ajouter 0,4% d'impôts et taxes. Les prestations sociales (allocations familiales, prime d'activité, etc..) augmenteraient le total de 0,5%. Enfin les revenus de la propriété (dividendes, plus-values immobilières, etc…) auraient un impact de 0,2%.

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Or ce ralentissement du pouvoir d'achat va mécaniquement jouer sur la consommation, principal moteur de la croissance. Elle se limiterait à 1% au premier semestre, au lieu de 1,2% un an plus tôt. Mais l'Insee estime que cela ne changera pas significativement l'évolution de la consommation, car les ménages puiseront dans leur épargne. Cela tombe bien, le taux d'épargne des Français, actuellement à 14,6%, est élevé. Selon les prévisions de l'Insee, Il diminuerait un peu pour tomber à 14,4%.

Par ailleurs, le ralentissement du pouvoir d'achat ne concerne pas que la France, loin s'en faut. La remontée de l'inflation est généralisée dans les pays de la zone euro (notamment en Allemagne où il atteint 2,2% en février). Le graphe de l'Insee ci-dessous l'illustre bien: après avoir été longtemps sous les 0,5%, l'inflation en zone euro devrait dépasser 1,5% au premier trimestre et se rapprocher des 2% au deuxième. Du coup, le pouvoir d'achat des ménages vivant dans la zone euro connaîtrait un coup de mou. À fin juin 2017, il aurait progressé de 1%, soit plus de moitié moins qu'en juin 2016.

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