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Pourquoi la France ne profite pas de la reprise au sein de la zone euro

Au total, les exportations françaises ont augmenté de 5% au premier semestre

Au total, les exportations françaises ont augmenté de 5% au premier semestre - Charly Triballeau - AFP

La hausse du dollar a bien dopé les exportations hors de la zone euro. Mais les entreprises françaises n'ont en revanche peu profité de la reprise chez ceux de leurs voisins partageant la même monnaie. Alors qu'en Allemagne et en Espagne, les exportateurs se frottent les mains.

La France peine pour le moment à tirer les fruits de la modeste reprise que connaît la zone euro (dont la croissance a été de 0,4% puis 0,3% sur les deux premiers trimestres de 2015). C'est ce qui ressort des données d'Eurostat sur le commerce européen pour les six premiers mois de l'année.

Ainsi, l'Hexagone a vu ses exportations vers les autres pays de la zone euro ne progresser que de 1% entre janvier et juin par rapport à la même période de 2014, à 106,5 milliards d'euros.

Des parts de marché perdues

Une hausse bien modeste quand on sait que les échanges au sein de la zone euro (c'est-à-dire par définition aussi bien que les exportations que les importations) ont augmenté de 3% sur les six premiers mois de 2015, atteignant 850 milliards d'euros.

Elle est surtout nettement inférieure à celle des autres pays de la zone euro. Ainsi la locomotive allemande a, sur la même période, vu ses exportations grimper de 4,7% dans la zone euro. Et elle n'est pas la seule. En Espagne, la hausse atteint 5,3% et en Italie 2,3%.

"Il semblerait que les politiques de modération salariale mises en place par les pays du Sud (Espagne, Italie) aient produit leurs effets et qu'ainsi la France ait perdu des parts de marchés au niveau du commerce intra-zone euro", analyse Jean-Louis Mourier, économiste chez Aurel BGC.

En conséquence, la balance commerciale tricolore reste nettement dans le rouge vis-à-vis des autres pays de la zone euro, avec -42,6 milliards d'euros sur les six premiers mois de 2015. Un gouffre qui a toutefois été réduit de 800 millions d'euros par rapport à l'an dernier, en raison d'importations quasi-stables (+0,2%).

Une meilleure performance hors zone euro

Pour autant, la France n'a pas à rougir. Car en dehors de la zone euro, elle a nettement accéléré la cadence au premier semestre. Les exportations ont ainsi augmenté en valeur de 8,72% dans les pays qui n'ont pas l'euro comme monnaie. Même l'Allemagne (+8,55%) ne fait pas aussi bien. Seule l'Irlande (la championne absolue de la zone euro, avec +15,7%) et des petits pays dont le commerce reste faible en volume (Chypre, Malte) affichent une croissance plus élevée.

"La demande des pays hors zone euro est globalement plus élevée", souligne Jean-Louis Mourier qui voit également un effet comptable dû à l'euro plus faible pour expliquer cette forte hausse. "Si vous vendez un bien à 10 dollars et le comptabilisez ensuite en euros, mécaniquement sa valeur sera plus élevée (qu'un an auparavant, ndlr)".

Dans le même temps la France n'a pas beaucoup plus importé de marchandises en dehors de l'union monétaire (+1,46% sur les six premiers mois de l'année). Résultat: l'Hexagone affiche un excédent commercial de 13,4 milliards d'euros avec les pays hors zone euro. Un chiffre qui a plus que doublé par rapport à l'an passé (+5,1 milliards d'euros).

Mais qui reste toutefois loin du gigantesque excédent allemand avec les pays hors zone euro de 119 milliards d'euros. Soit 95% de l'excédent commercial de Berlin sur les six premiers mois de l'année (125,5 milliards d'euros).

Source: Eurostat, Commission européenne