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Pourquoi les inégalités diminuent en France

Les inégalités entre les ménages sont au plus bas depuis 2009.

Les inégalités entre les ménages sont au plus bas depuis 2009. - Images of Money - Flickr - CC

Plusieurs indicateurs, publiés ce mardi 22 septembre par l'Insee dans le cadre de son enquête Revenus fiscaux et sociaux, montrent la réduction des inégalités, qui a débuté en 2012, s'est poursuivie en 2013.

C'est une tendance qui devrait plaire à Thomas Piketty, l'économiste pourfendeur des inégalités, un thème qui est au cœur de son livre Le Capital au XXIe siècle.

L'Insee a ainsi publié ce mardi 22 septembre son enquête sur les Revenus fiscaux et sociaux des Français pour l'année 2013. Un document qui, comme à l'accoutumée, recèle son lot de chiffres. On y a apprend notamment que le niveau de vie (voir définition plus bas) médian pour les Français est de 20.000 euros nets d'impôts par an, soit 1.667 euros par mois. Autrement dit, la moitié de la population française a un niveau de vie inférieur à ce chiffre, et l'autre moitié a plus. Chiffre qui par ailleurs est stable par rapport à 2012 (-0,1%).

Mais le fait le plus remarquable reste le recul des inégalités. "Les inégalités de niveaux de vie entre les plus modestes et les plus aisés se réduisent", souligne ainsi l'Insee en introduction.

Le plus bas niveau depuis 2009

L'institut a plusieurs outils pour mesurer les inégalités. Le premier, tout bête, est de rapporter le niveau de vie des 10% les plus riches (plus de 37.200 euros par an), à celui des 10% des plus modestes (moins de 10.700 euros par an). Ce rapport était ainsi de 3,5 en 2013 contre 3,6 en 2012 et en 2011.

Une autre instrument, plus sophistiqué, est "l'indice de Gini" (voir définition). Cet indice n'avait cessé d'augmenter depuis 1996, atteignant un pic de 0,306 en 2011, avant de reculer en 2012 à 0,305. En 2013, la chute a été bien plus marquée, l'indice de Gini atteignant 0,291, soit son plus bas niveau depuis 2009.

Comment expliquer ce recul? Tout simplement parce que les niveaux de vie des plus riches ont baissé quand ceux des moins aisés se sont améliorés.

Du côté des plus riches, l'Insee note que les revenus du patrimoine (revenus financiers, loyers, dividendes...) ont baissé, ce alors que ce type de revenu constitue plus du quart des ressources des 10% des Français les plus aisés. L'Insee indique ensuite que cette baisse peut s'expliquer à la fois par des taux d'intérêts plus faibles ainsi que par la hausse de la fiscalité frappant les dividendes (intégration dans le barème de l'impôt sur le revenu, assujettissement aux cotisations sociales).

Hausse des salaires pour les plus modestes

Autre source d'explication: les ménages les plus aisés ont été les premiers frappés par la hausse de la fiscalité consécutive à l'arrivée au pouvoir de François Hollande. Il y a deux ans, les impôts représentaient ainsi 27,9% de leur revenu disponible contre 26% en 2012. L'Insee rappelle notamment qu'en 2013, ces ménages ont dû faire face à la baisse de l'avantage fiscal lié au quotient familial et à la création d'une nouvelle tranche de l'impôt sur le revenu de 45%.

Pour ce qui est des ménages les plus modestes, l'Insee indique que leur niveau de vie a progressé en raison notamment d'une hausse des salaires elle-même portée par "l'augmentation des heures travaillées sur l'année". Les 10% les plus pauvres ont notamment vu leurs revenus augmenter de 1,1% en 2013. "C'est la première fois depuis le début de la crise qu'ils augmentent", remarque l'institut de conjoncture.

Conséquence directe: le taux de pauvreté (que l'on mesure en comptant la part des ménages dont le niveau de vie est inférieur à 60% du niveau médian, soit 1.000 euros par mois) baisse. De 14,3% en 2012 il passe à 14% en 2013.

Définitions

Niveau de vie: l'Insee calcule le niveau de vie d'un foyer en additionnant l'ensemble de ses revenus (salaires, revenus du patrimoine, prestations sociales, etc…) nets d'impôts. L'Insee divise ensuite ces revenus par "le nombre d'unité de consommation". Il faut savoir que le premier adulte du ménage compte pour une unité de consommation, un enfant de moins de 14 ans pour 0,3 unité et une personne de plus de 14 ans 0,5 unité.

Exemple: un couple avec deux enfants de moins de 14 enfants où chaque conjoint gagne 21.000 euros nets de tout prélèvement. Le revenu brut est donc de 42.000 euros. Le nombre d'unités de consommation du ménage est de 2,1. Au final, le niveau de vie de 20.000 euros.

L'indice de Gini: cet indice mesure le degré d'inégalité d'une distribution (ici le niveau de vie), variant de 0 à 1, 0 étant l'égalité absolue, 1 l'inégalité absolue.