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Super Mario peut-il aussi réduire les inégalités?

La politique de Mario Draghi a un léger effet sur les inégalités

La politique de Mario Draghi a un léger effet sur les inégalités - Daniel Roland - AFP

La politique monétaire exceptionnelle de la BCE engagée par Mario Draghi, qui tient ce jeudi 22 octobre sa conférence de presse, a de légers effets redistributifs, selon une étude de l'OFCE. Au bout de quelques mois, elle peut notamment permettre de diminuer le chômage.

Les yeux des marchés seront encore tournés vers Francfort ce jeudi 22 octobre. La Banque centrale européenne (BCE) tient en effet une réunion suivie de la traditionnelle conférence de presse de son président Mario Draghi. Les investisseurs prêteront ainsi une oreille attentive au moindre mot prononcé par l'Italien.

La question est de savoir si ce dernier va donner de nouveaux signes quant à une éventuelle augmentation du plan de rachat de dettes et d'actifs sur les marchés (appelé "Quantitative Easing" et abrégé "QE") mis en place depuis janvier dernier. Ce "bazooka" comme le surnomme les experts, devrait gonfler le bilan de la banque centrale d'au moins 1.100 milliards d'euros d'ici à septembre 2016.

Pour rappel, le but de la manœuvre est de soutenir l'économie européenne et de relancer une inflation chancelante. En septembre, elle était inférieure à zéro (-0,1%, en rythme annuel), taux bien éloigné des 2% que vise la BCE.

Un QE qui diminue le chômage

Mais qu'en est-il des effets collatéraux de la politique de la banque centrale sur la richesse des ménages? Dans une étude publiée en septembre dernier, cinq économistes de l'OFCE se penchent sur les effets redistributifs du "QE" au sein de la zone euro. En d'autres termes: est-ce que les mesures exceptionnelles prises par la Banque centrale permettent de réduire les inégalités?

Réponse: oui, mais un tout petit peu. Les auteurs ont étudié l'impact des rachats d'actifs et de dette de la Banque centrale européenne à partir d'un modèle destiné à évaluer l'impact des politiques monétaires dites "non conventionnelles" (extraordinaires en clair). Ce qui est le cas du QE.

Selon leurs évaluations, la politique exceptionnelle de la BCE produit les effets suivants: une baisse de l'euro face au dollar qui se traduirait au maximum, après 10 mois, par un recul de 9 centimes par rapport au cours du 20 janvier 2015 (1,16 euro pour 1 dollar). L'inflation, elle, augmenterait, au plus, de 0,8 point après six mois. Surtout la production industrielle grimperait de 4% au bout de huit mois, et, en conséquence, le nombre d'heures travaillées augmenteraient alors que le chômage, lui, reculerait.

"Ces deux derniers impacts montrent que les effets du QE sur l'activité économique permettent d'augmenter l'emploi qui est le canal le plus efficace pour réduire les inégalités", expliquent les auteurs de cette étude. Car, rappellent-ils, la réduction du chômage permet aux ménages retrouvant un poste d'augmenter leurs revenus.

Des effets élevés sur 18 mois

Au final, les conséquences de la politique de la BCE sur les inégalités "ne sont pas immédiates et apparaîtront plusieurs mois après la mise en œuvre du programme, mais elles sont relativement élevées quand on regarde les effets cumulés sur 18 mois", écrivent les cinq économistes de l'OFCE.

Ces derniers concluent que lorsque la BCE, à la manière de la Fed à l'heure actuelle, cessera sa politique exceptionnelle de soutien à l'économie européenne, il faudra s'attendre à un effet certes limité "mais à la hausse sur les inégalités".

Une raison qui les conduit à prodiguer le conseil suivant à Mario Draghi: "La BCE ne devrait pas rendre des comptes uniquement sur la stabilité des prix ou sur la croissance économique, mais aussi sur les répercussions de ses politiques en termes d’inégalités et des moyens mis en œuvre pour en tenir compte". Super Mario saura-t-il prêter une oreille attentive à cette requête?