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Un salarié gagne en moyenne 4 fois plus à 40 ans qu'à 25 ans

En règle générale, le salaire augmente le plus fortement en début de carrière

En règle générale, le salaire augmente le plus fortement en début de carrière - Images of Money - Flickr - CC

Les revenus salariaux vont en règle générale suivre la carrière d'une personne active, progressant très vite au début de son parcours. Avec de très fortes nuances, selon l'âge, le sexe ou la rémunération déjà perçue.

Comment votre salaire risque-t-il d'évoluer dans les prochaines années? L'Insee a une partie de la réponse. En effet, dans une étude publiée mardi 5 juillet, l'institut s'est penché sur l'évolution des revenus salariaux au cours d'une carrière.

Il en résulte que les salaires augmentent fortement au début de la vie active. À ce moment, "l'insertion sur le marché du travail est progressive et passe souvent par des interruptions d'emploi (enchaînements de contrats courts et de périodes de chômage et d'inactivité)", souligne l'Insee.

"Par ailleurs, les jeunes salariés accumulent de l'expérience et, à l'occasion de changements plus fréquents d'employeurs, les salariés les plus jeunes peuvent être embauchés dans des entreprises où leurs compétences sont de mieux en mieux valorisées", ajoute-t-il.

Passé 30 ans, les salaires continuent de progresser mais à un rythme moins prononcé. L'ancienneté et l'expérience leur permettent d'obtenir des émoluments plus conséquents. Enfin, en fin de carrière, les revenus ont tendance à diminuer. Non pas que les seniors soient moins bien payés. Mais à l'approche de la retraite, certains ont tendance à moins travailler ce qui impacte logiquement leurs revenus.

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D'importantes disparités

Au final, en moyenne, l'Insee constate qu'un salarié gagne "entre 3,5 et 4 fois plus à 45 qu'à 25 ans", souligne Pierre Pora, co-auteur de l'étude. Sauf que cette moyenne cache, une fois n'est pas coutume, d'importantes disparités. Ainsi, pour les Français dont les salaires appartiennent aux 88% les moins élevés, cette évolution est plus faible. En revanche, les 1% des salariés qui gagnent le plus ont, à 45 ans, une rémunération 12 fois plus forte qu'à leurs 25 ans.

De fait, l'Insee constate que l'ampleur des hausses annuelles de salaires dépend de la rémunération que touche déjà un salarié. À un âge donné, plus elle est faible, plus l'augmentation sur un an va être forte par rapport à la moyenne. Les 12% des salaires les plus bas connaissent ainsi des hausses qui sont nettement supérieures à la moyenne de l'ensemble des salariés. C'est ce que l'Insee appelle l'"effet de rattrapage".

Ensuite, les hausses de salaires ont tendance à se tasser. Ainsi entre 25 et 54 ans le salaire progresse en moyenne de 4,5% par an. Chiffre qui passe à 5,5% pour les personnes situées entre les 9% et 10% des salaires les moins favorables, mais qui ne s'élève qu'à 2,3% pour ceux dont le salaire est pile au milieu de la distribution.

Des riches de plus en plus riches

Toutefois, l'Insee constate aussi que pour les très hauts salaires (les 9% les mieux payés) les augmentations annuelles sont de plus en plus fortes. Des riches de plus en plus riches, en somme.

L'Insee parle en fait de "risque salarial", c'est-à-dire le risque que votre augmentation de salaire soit très différente de la moyenne. À la hausse comme à la baisse.

Plafond de verre

Ce risque est donc plus fort pour les très bas et les très hauts revenus. Il est également plus élevé pour les jeunes (25-30 ans) chez qui l'effet de rattrapage est plus puissant. Autre facteur: la différence privé-public. Pour la quasi-totalité des salaires (à l'exception des très très hauts revenus) le risque est bien plus fort dans le privé que dans l'administration. Sans surprise, l'Insee considère que cela est dû "au risque de non emploi" bien plus fort dans le privé.

Enfin, l'Insee met en avant le "plafond de verre" que subissent les femmes. "Même en travaillant à temps plein toute l'année, les femmes qui occupent des positions intermédiaires ou élevées sur l'échelle ont des évolutions de revenu salarial moins favorables et plus incertaines que les hommes, ce qui contribue à leur moindre présence au sommet de l'échelle", observe l'institut.