Arrête de me taxer !
La France est peuplée de mammouths. Et faire bouger les lignes relève souvent de l'exploit. Malgré toute sa bonne volonté, Philippe Martin se casse les dents. En toute logique.
La "taxe-carbone" doit être un mot grossier au pays de Molière. Impossible de parler de fiscalité écologique sans se prendre une volée de bois...pas très vert. Hier, Philippe Martin le ministre de l'écologie annonce la création d'une "contribution climat énergie". L'idée reste encore très floue. Il s'agit d'inciter particuliers et entreprises à des comportements plus "verts" en taxant les consommations d'énergies polluantes. On parle de "verdir" la fiscalité existante... ne poussons pas!
Le mot "taxe" n'est pas explicite pour ne pas heurter les sensibilités. "Contribuer" au bien-être de la planète pourrait-il donner des ailes aux plus réticents ? Visiblement non. La Fédération nationale des transporteurs routiers (FNTR) n'a pas tardé à réagir.Elle parle d'une "double peine" si elle était imposée au secteur.
"A partir du moment où on est déjà contributeurs à la fiscalité écologique via l'écotaxe poids lourds qui entrera en vigueur le 1er octobre prochain, nous nous opposons à la taxe carbone", déclare Nicolas Paulissen, délégué général de la FNTR. Pour un secteur en difficultés, l'idée est, en toute légitimité, loin d'être folichonne. Avec l'éco-taxe les poids lourds devront être mieux équipés et beaucoup d'entreprises vont souffrir de devoir investir dans le contexte actuel. Et puis montrer du doigt un secteur sous prétexte que d'autres sont plus vertueux, est-ce vraiment faire avancer les mentalités ? Bien délicat. En 2009 Nicolas Sarkozy avait tenté. La liste des exemptés n'avait cessé de s'allonger...
Punition
Depuis des décennies dans les pays nordiques, la taxe carbone existe et personne ne bronche. Seraient-ils plus dociles ? Faire des efforts pour l'environnement semble définitivement associé dans notre pays à une grosse punition. Pour rappel, selon une étude de l'Automobile Club Association, un litre d'essence acheté 1,56 euro TTC en 2012 se décomposait en 0,706 euro de carburant hors taxes et 0,860 euro de taxes. Cela n'empêche pas toujours de dormir. Ni la TVA...Peut-être parce que personne ne se sent stigmatisé.
Philippe Martin assure vouloir être "le ministre des actes et du progrès de notre démarche dans la voie de la transition écologique". Elle risque d'être longue à tracer. Pour faire évoluer les modèles et mettre en place l'économie de demain, il faut de l'argent et une grande souplesse....Et de la pédagogie...de la pédago...quoi??