Le changement, pas encore pour maintenant
Quand je regarde les entreprises, j'ai le sourire, quand je jette un œil sur les décrets, les projets de loi en suspens et les mesures qui trainent, j'ai un coup de mou. Le contexte ne se prête pas à parler écologie et pourtant certains sont déjà en train de changer en douceur. Soyons lucides, ce n'est pas facile.
Quand la taxe carbone a resurgi ou plutôt que Philippe Martin a parlé prudemment de contribution climat-énergie, il a senti le vent du boulet. Pas question de rajouter des impôts ou même d'y mettre un peu de vert. La pilule ne passe pas du tout. A présent c'est l'écotaxe sur les poids lourds qui est au point mort. Le gouvernement annonce un nouveau report. Elle ne verra pas le jour avant le 1er janvier 2014 au mieux.
Le ministre des Transports Frédéric Cuvillier et son homologue du Budget Bernard Cazeneuve invoquent des "dysfonctionnements persistants", imputés pour partie à leurs prédécesseurs: un manque de préparation du dispositif et d'anticipation des difficultés. Ne nous leurrons pas, les transporteurs sont bien informés de la question. Des entreprises ont même mis au point des boitiers pour aider à mieux mesurer leur impact. DKV Euro Service France sera bientôt invité de Green Business. Mais voilà l'enregistrement des camions prend du temps, le dossier administratif est complexe. Et ce ne sont pas les seuls motifs.
Moderniser l'économie mais à quel prix ?
Il est clair que le secteur n'est pas au mieux. Et une taxe de plus serait plus que pénible pour certains (pour parler gentiment). Elle doit s'appliquer à tous les véhicules de plus de 3,5 tonnes (les camions) transporteurs de marchandises, circulant sur le réseau national non payant 15.000 kilomètres de routes sont concernées, et les transporteurs devraient débourser au total 1,2 milliard d'euros par an. Pour ne pas pénaliser ces derniers, le gouvernement a prévu dans sa loi, votée en avril, d'imposer des taux de majoration, qui obligent les professionnels du transport à augmenter leur prix. Le comble est que certaines entreprises prennent des engagements et ont déjà su évoluer. Quand on est un grand nom comme Deret, c'est plus facile.
Malgré ces efforts plus qu'encourageants, nous ne sommes pas dans un mode "changement radical de moyens de transport". Les parlementaires EELV Ronan Dantec et François-Michel Lambert montent au créneau. Ils affirment: "le conservatisme patronal qui s'exprime aujourd'hui autour de la mise en place de l'écotaxe poids lourds - et plus largement sur la fiscalité écologique - est fondamentalement anti-productif, et contraire à la modernisation économique du pays". En même temps difficile de tirer un trait sur toute une activité. Le sujet est sensible, les oppositions fortes. La rumeur enfle que le projet de loi sur la transition énergétique sera repoussée après les municipales. Il faudra en effet beaucoup d'argent et d'énergie pour définir une nouvelle économie.