Equitable mais à quel prix ?
Les modèles ont parfois des limites. En terme de commerce, l'équitable ne peut évidemment pas rivaliser avec le commerce mondial, c'est encore une goutte d'eau. Et Max Havelaar a bien conscience que pour faire progresser les ventes il faut aller chercher les plus grands. En avançant sur un fil...
Lundi dernier, Max Havelaar acteur de référence dans le commerce équitable annonce donc une innovation: pour booster les ventes des producteurs indépendants, sa stratégie est de miser sur le choix des matières premières. Le cacao, le sucre et le coton sont les 3 filières retenues. Tout grand nom qui fera le choix d'un cacao 100 % durable pourra se voir attribuer un label Fairtrade Cocoa Program. Attention, pas de produit totalement équitable, juste une part de sa composition sera concernée. Biscuits ou encore barre chocolatée au sucre d'origine irréprochable. Le consommateur va-t-il s'y retrouver ? On peut en effet découvrir le logo Max Havelaar mais dans un cadre plus restreint.
Évidemment certains pourront dire que cela donne une belle visibilité au commerce équitable. D'autres diront que l'association joue avec le feu en se défendant de greenwashing. Max Havelaar est d'ailleurs très prudente en affirmant que ce n'est pas la communication qui compte dans cette nouvelle orientation mais le choix d'un approvisionnement sécurisé et équitable. Soit. Mais n'oublions pas que l'image a un impact fort. Serait-ce donc les limites d'un système ? Un million 300 000 producteurs vivent de ce commerce, pas de raison que d'autres ne viennent pas les rejoindre et que le mouvement ne prenne pas de l'ampleur. Après 25 ans d'existence Max Havelaar prend son bâton de pèlerin et ouvre un peu son horizon. Exercice délicat si on ne veut pas non plus y perdre son âme...