Mare Tranquillitatis

Vous avez peut-être déjà vu derrière votre hublot, à l’occasion d’un voyage en avion, le sillage de ces navires géants qui traversent les océans, un peu hors du temps...

Imaginez l'Empire State Building, flottant à l’horizontale, tracté par 1000 voitures de 100 chevaux, (cela représente une poussée équivalente à 10 Airbus A380) voilà qui vous donne une idée du gigantisme, de la puissance du nouveau bébé de CMA-CGM, le porte-conteneurs  Marco-Polo. Un navire capable de transporter  plus de 16000 "boîtes".  Soit l’équivalent de 97 km de conteneurs mis bout à bout. Sa production électrique ? L’équivalent d’une ville de 16000 habitants. Son tirant d’eau (la partie immergée du navire) : 16m !

Il est déployé depuis quelques jours sur une ligne stratégique la « French Asia Line », qui relie les ports de Chine, de Méditerranée et d’Europe, en passant par le port du Havre.

Le Marco-Polo sort tout droit des chantiers navals de Daewoo Shipbuilding en Corée du Sud. 

Il embarque les dernières technologies :

- Un safran suspendu à bords orientés permettant d’améliorer l’hydrodynamisme du navire.

- Juste avant l’hélice principale, est installé un stator à pales fixes (une sorte de mini réacteur) qui permet de diriger, de redresser et d’optimiser le flux d’eau dirigée vers l’hélice principale. Combiné? au safran  il permet de réduire de 2 à 4% la consommation de carburant.

- Un moteur à injection électronique permettant lui aussi de réduire la consommation (-3% en moyenne) et la consommation d’huile (-25%). (Chiffres CMA-CGM)

- Un système de by-pass des gaz d’échappement (récupération d’énergie dans les gaz brulés) dont l’objectif est d’améliorer l’efficacité? énergétique à faible charge du moteur avec une réduction de la consommation de fioul de l’ordre de 1,5% à faible vitesse.

- Le design de la coque est bien sur optimisé pour permettre d’améliorer sensiblement la propulsion et la pénétration du navire dans l’eau.

- On notera aussi un système de traitement des eaux de ballast, afin de  limiter au maximum les rejets chimiques dans l’eau de mer.

Bref, vous l’aurez compris l’objectif est de réduire à tout prix la consommation du carburant… 

Le choix des armes

Les grands armateurs se sont lancés depuis plusieurs années dans une course au gigantisme. Des navires ("des vecteurs" dans le langage des armateurs) toujours plus gros, plus larges plus longs. Il s’agit de transporter toujours plus de voitures, de téléviseurs, de pièces mécaniques… Mais l'offre et la demande mondiale sont par définition fluctuantes et il est parfois diffcile en temps de crise économique d'arriver à remplir totalement ces bâteaux. 

Cette course à la taille est directement responsable des difficultés importantes que traversent les géants du secteurs… La surcapacité.

Lucien Arkas est un des principaux armateurs Turcs, patron de Arkas Holding, rencontré à l'occasion du séminaire annuel de l'Institut du Bosphore, Il explique ce phénomène.

Moeller-Maersk, numéro 1 mondial du transport maritime conteneurisé vient d'ailleurs de commander des navires pouvant accueillir plus de 18000 boîtes (ou EVP "équivalent vingt pieds")  (Les dimensions approximatives d’un EVP: 2,5 m de haut sur 2,40 m de large et 6m de long.)

Un pari sur la reprise du commerce mondial certes, mais aussi l'emergence de nouveaux problèmes liés aux infrastructures portuaires.

Les grands ports internationaux ne sont en effet pas encore dimensionnés pour accueillir de tels monstres. L’avenir dira si c’est le bon choix….

 

MAJ 19/11/2012

Evénement majeur dans le secteur, on apprend aujourdhui que Moeller-Maersk va se désengager du transport de conteneurs...  (20% du trafic mondial de conteneurs) Maersk c'est 60 milliards de dollars de CA en 2011. Un peu comme si Windows se désengageait des logiciels...