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À plus de 9000 euros du m2, les prix peuvent-ils encore grimper à Paris?

Illustration Wikipedia Commons

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Alors que les notaires voient les prix se stabiliser à la fin de l'été, les experts de LPI-SeLoger pensent que la capitale a "peut-être atteint ses limites d'expansion".

Le cap des 9000 euros le mètre carré dans l'ancien a été franchi à Paris, et ce dès le printemps dernier. C'est ce qui ressort d'une étude de LPI-SeLoger publiée mercredi. Entre avril et juin, le prix moyen dans la capitale s'est élevé précisément à 9126 euros/m², soit une hausse de 2,3% par rapport aux trois mois précédents (+6,6% sur un an). Ils dépassent même les 10.000 euros/m² dans six arrondissements (IVe, Ve, VIe, VIIe, VIIIe et XVIe) et plus aucun arrondissement n'est en dessous des 7000 euros du m2. La hausse sur douze mois oscille même entre 5% et 10% dans quatorze arrondissements, comme le montre le graphique ci-après.

De leur côté, les notaires ont dévoilé cette semaine leur chiffres à fin mai. Selon ces professionnels, les prix des logements anciens à Paris ont atteint, en moyenne, les 8580 euros le mètre carré sur la période de mars à mai, soit une hausse de 5,9% sur un an. Comment expliquer de tels écarts de prix entre les deux organismes?

"En fait, les chiffres que vient de publier LPI-SeLoger sont ceux des compromis de vente signés en juin, alors que les données fournies cette semaine par les notaires correspondent aux prix relevés à fin mai, au moment de la signature de l'acte définitif de vente. Notre baromètre est donc en avance de quatre à six mois sur les prix des notaires, qui ne publieront qu'à l'automne ce qu'a été le marché aujourd'hui", rappelle Michel Mouillart, professeur d'Économie à l'Université Paris Ouest et auteur de cette étude mensuelle.

Prix moyens au m² des appartements anciens à Paris, par arrondissement
Prix moyens au m² des appartements anciens à Paris, par arrondissement © LPI-SeLoger

Paris a peut-être atteint ses "limites d'expansion"

Des différences de méthodologie. Voilà ce qui explique les écarts de prix entre les notaires et LPI-SeLoger. Reste une interrogation: les candidats à l'acquisition d'un bien situé dans la capitale doivent-ils s'attendre à payer encore plus cher à la rentrée? La Chambre des notaires d'Ile-de-France se veut rassurante. "Après deux nouveaux mois de nette hausse" les prix "devraient se stabiliser autour des 8900 euros/m² d'ici la fin du mois de septembre", estime-t-telle.

Chez LPI-SeLoger, on préfère ne pas se livre au jeu dangereux des prévisions. Michel Mouillart estime simplement "probable" que "le rythme de la hausse du prix des appartements parisiens se stabilise après les mois d'été qui sont particuliers et les hausses de 6,6% en juin, 6% en mai et 6% en avril".

Il est vrai que la demande ne pourra pas suivre éternellement. "Nous avons lancé avec le Crédit Logement un indicateur mesurant la capacité des ménages à acheter des logements anciens. Celui sur Paris commence doucement à régresser, c'est-à-dire que les limites de solvabilité de la demande sont probablement atteintes", précise le spécialiste.

Selon Michel Mouillart, "il est probable que l'on ait atteint des limites au dynamisme de la reprise du marché parisien, après un mouvement de rattrapage. Pour qu'il continue à se développer, il faut des apports de clientèle supplémentaire". Comme celle, par exemple, de banquiers anglais prêts à déménager dans la capitale après le Brexit, ou encore d'acquéreurs étrangers. Une chose est sûre, "en l'absence d'un mouvement d'arrivée de cette clientèle supplémentaire, les limites d'expansion des prix à Paris vont être atteintes", conclut Michel Mouillart.

Julien Mouret