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Comment le patronat veut sauver l’Agirc-Arrco

En décalant l'âge de la retraite, l'objectif du patronat est d'économiser 3,1 milliards d'euros d'ici 2020.

En décalant l'âge de la retraite, l'objectif du patronat est d'économiser 3,1 milliards d'euros d'ici 2020. - Kenzo Tribouillard - AFP

Le Medef, la CGPME et l'UPA ont publié leurs propositions de sauvetage des régimes de retraites complémentaires. Des mesures chocs qui risquent d’agiter la table des négociations.

Le patronat a bouclé de nouvelles propositions sur les régimes de retraites complémentaires Agirc-Arrco avant la séance de négociation de mercredi, un traitement de choc avec des abattements incitant au départ à 67 ans, la fusion des deux caisses et une modification des pensions de réversion. 

Ces mesures sont formulées par le Medef, la CGPME et l'UPA dans un document de travail révélé vendredi par L'Opinion et transmis aux syndicats dans la journée, dont l'AFP a eu copie. 

C'est sur cette base que les partenaires sociaux, qui ont participé à des bilatérales toute la semaine, discuteront des mesures à mettre en oeuvre pour sauver les régimes de retraites de retraites complémentaires, fortement déficitaires. 

Si rien n'est fait, leurs réserves seront épuisées à l'horizon 2018 pour l'Agirc (cadres) et et 2027 pour l'Arrco (tous les salariés du privé). 

Refusant d'augmenter les cotisations, comme le réclament les syndicats, le Medef propose une batterie de mesures douloureuses pour les retraités et futurs retraités, pour un montant total d'économies évalué à 8,3 milliards d'ici à 2020, 12,1 milliards d'ici à 2030 et 17 milliard d'ici à 2040. 

Un abattement dégressif et temporaire sur les pensions

Les organisations patronales ne "visent pas moins de 2,3 milliards d'euros d'économies annuelles d'ici 2017", selon l'Opinion. 

Le nouveau document de travail remet sur la table l'idée d'un abattement dégressif et temporaire sur les pensions complémentaires perçues avant 67 ans. 

Pour un départ à la retraite à 62 ans par exemple, la décote subie serait ainsi de 40% pour commencer, puis de 30% à 63 ans, 18% à 64 ans, de 2% à 65 ans et de 1% à 66 ans. 

Ces mesures s'appliqueraient à partir de la génération née en 1957 pour les retraites prises à partir du 1er janvier 2017, touchant donc les salariés pouvant partir à 60 ans au titre du dispositif carrière longue, au grand dam des syndicats.

Objectif pour le patronat : décaler l'âge de départ à la retraite, sans toucher officiellement aux bornes d'âges, et économiser quelque 3,1 milliards d'euros d'ici à 2020, selon ses projections.

"Le beurre et l'argent du beurre"

Pour apaiser les syndicats, il propose d'exclure de ce dispositif la "population exonérée de CSG", et de "réduire de moitié" les abattements temporaires pour "les retraités assujettis à la CSG à taux réduit". 

Autre piste évoquée précédemment : la baisse du taux de réversion (part de la pension du défunt versé à sa veuve ou son veuf) de 60 à 55%, qui ne rapporterait que 0,1 milliard d'euros d'ici à 2030. 

Le relèvement de l'âge minimum pour toucher une pension de réversion de 55 à 60 ans est également suggéré, ainsi qu'une proratisation en fonction de la durée de mariage. 

Revalorisation des pensions inférieure de 1,5 point à l'inflation, sans toutefois de baisse des pensions, réduction des dotations d'action sociale sont également au programme. 

La fusion de l'Agirc et de l'Arrco en un "régime unifié" d'ici à 2019, plébiscitée par la CFDT, est toujours d'actualité, faisant craindre à la CFE-CGC et à la CGT la fin du statut des cadres. 

"On savait que la négociation ne serait pas simple, elle se complexifie", a jugé Philippe Pihet (FO), estimant que le ton du Medef s'était "durci". 

"On est d'accord sur une partie des solutions, mais les efforts demandés sont excessifs", a commenté Jean-Louis Malys (CFDT), pas opposé sur le principe d'abattement dégressif. 

"On a l'impression que le patronnat veut le beurre et l'argent du beurre". 

Difficile d'imaginer la signature d'un accord la semaine prochaine, et même avant fin juin comme initialement prévu, mais la délégation patronale n'exclut pas de se donner "toute l'année", selon Philippe Pihet. 

"Si rien n'est signé en juin, on se revoit en septembre", a déclaré Serge Lavagne (CFE-CGC).

P.S. avec AFP