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Les épargnants préfèrent désormais les dépôts bancaires à l'assurance vie

L'assurance-vie perd son statut de produit financier préféré des Français.

L'assurance-vie perd son statut de produit financier préféré des Français. - -

Pour la premières fois en dix ans, l’assurance vie a capté moins d’épargne que les dépôts bancaires, constate l'AMF. Une tendance qui risque de créer un déficit d’épargne longue.

L’assurance vie a du plomb dans l’aile. Tel est le principal constat de l’Autorité des marchés financiers. Dans sa cartographie 2012 des risques et tendances sur les marchés financiers et pour l’épargne, publiée, mercredi 11 juillet, l’AMF souligne que, pour la première fois depuis dix ans, la collecte nette des contrats d’assurance vie a diminué au profit des dépôts bancaires, les deux produits d’épargne phares en France.

En 2011, les Français ont davantage placé leur argent dans les produits bancaires que sur les contrats d’assurance vie. Les flux de placement à destination des dépôts bancaires représentent ainsi 76 milliards d’euros, contre 47 milliards pour les souscriptions d’assurance vie. Ce dernier produit dominait pourtant très largement le marché de l’épargne depuis plus de dix ans.

La conjoncture favorise les dépôts bancaires

Second facteur à l’origine de ce reversement: la conjoncture. Les craintes face à la dégradation de l’environnement macroéconomique invitent ainsi les ménages à la précaution. Ces derniers sont incités à privilégier les placements sur les dépôts bancaires, considérés comme sûrs.

A l’inverse, l’assurance-vie fait indirectement les frais de cette conjoncture, selon l’AMF. La crise que traverse la zone euro a poussé les investisseurs à se réfugier sur la dette française, dont les taux n’ont jamais été aussi bas. Du coup, le 10 ans français est devenu beaucoup moins attractif et l’assurance vie avec, puisque les fonds de ce placement sont investis dans la dette hexagonale.

Dans une moindre mesure, une éventuelle modification de la fiscalité de l’assurance vie attise également cette relative désaffection des Français pour ce produit d'épargne.

Un déficit d'épargne longue à craindre

Par ailleurs, les premiers mois de 2012 indiquent que cette tendance risque de se renforcer. En juin, l’assurance vie a connu pour le neuvième mois consécutif une décollecte nette. Le livret A, lui se porte bien et a clairement les faveurs du gouvernement qui compte progressivement doubler son plafond pour favoriser le logement social. 

En conséquence, l’AMF s’inquiète d’un déficit d’épargne longue. Des craintes partagées par Bernard Spitz, président de la Fédération française des sociétés d’assurance (FFSA). Sur BFM Business, il pointait le risque d’un hausse subite du plafond du livret A et militait pour un relèvement très progressif "pour éviter des transferts qui affecteraient l’assurance vie". "Cela signifie que l’on transformerait de l’argent placé à long terme en placement de court terme. Or nous essayons de faire exactement l’inverse: transformer le court terme en long terme."

Julien Marion