BFM Patrimoine
Immobilier

Faut-il encore investir dans une SCPI en 2016?

-

- - Boyan Topaloff - AFP

Les SCPI sont devenues en quelques années le placement star des Français. Les raisons de ce succès: un couple rendement / risque remarquable. Face à cet engouement, les prix des parts de SCPI ne cessent d'augmenter. Tandis que les revenus locatifs stagnent voire diminuent. Dans ce contexte, est-ce encore opportun de se positionner sur les sociétés civiles de placement dans l'immobilier?

Définition de la SCPI

Une société civile de placement en immobilier est à la pierre ce qu'un OPCVM/ SICAV est aux placements financiers. Un véhicule d'investissement regroupant plusieurs centaines voire milliers d'investisseurs particuliers ou institutionnels qui mise sur de l'immobilier tertiaire (bureaux, murs de magasins, centres commerciaux, locaux d'activités types entrepôts logistiques) ou résidentiel (logement, résidences santé / seniors, édifices à usage éducatif comme des crèches ou des écoles privées).

L'ensemble du parc immobilier d'une SCPI est mis en location afin de générer des revenus locatifs. Chaque investisseur touche sa quote-part de revenus proportionnellement à sa participation au capital de la SCPI. Il faut distinguer deux grandes familles: celles qui offrent un rendement élevé (elles reposent sur de l'immobilier d'entreprises) ; celles qui sont adossées à des dispositifs fiscaux Loi Malraux, régime du déficit foncier, Dispositif Pinel (elles reposent sur de l'immobilier résidentiel).

Ce sont les SCPI de rendement qui constituent plus de 90% de la collecte de capitaux auprès des épargnants. Soulignons que les sociétés civiles de placement dans l’immobilier ne sont pas une nouveauté. Les premières datent des années 1960.

Des atouts indéniables

Le principal avantage des SCPI, c'est l'absence totale de soucis de gestion locative. En effet, l'ensemble du processus est administré par une société de gestion dont c'est l'unique métier. Ces gestionnaires sont le plus souvent filiales de grandes banques. Gage de solidité de l'actionnaire mais peut-être parfois de petits arrangements pour investir dans tel ou tel immeuble. La banque finance ce dernier car elle entend maintenir une bonne relation commerciale avec un gros promoteur immobilier par exemple.

Second atout, la mutualisation des risques locatifs. Le parc immobilier de la SCPI est varié sectoriellement (bureaux, commerces, logements...etc) et géographiquement (Paris intra-muros, Île de France, province voire Europe). Mais surtout il s'agit d'un parc d'immeubles regroupant des centaines de lots loués en conséquence à des centaines voire milliers de locataires distincts. A titre d'exemple, la première SCPI française est composé de plus de 900 immeubles dont la valeur dépasse 2 milliards d'euros. Plus de 1500 locataires confèrent des recettes locatives au profit de plus de 25000 investisseurs porteurs de parts.

Enfin, le rendement du placement surpasse les autres classes d'actifs et se veut très constant. A près de +5% en 2015, la rentabilité moyenne des SCPI est plus de 4 points supérieure à celle du Livret A. La raison est simple: l'immobilier d'entreprise se loue plus cher et avec moins de contraintes que l’immobilier résidentiel. Pour preuve, du bureau prime dans le quartier central des affaires parisiens (QCA) offre un taux de rendement d'environ +3,5%. Une tour de bureau à la Défense génère environ +5% annuel. Tandis qu'un entrepôt logistique à Roissy confère un rendement locatif de l'ordre de 8% par an. La rentabilité moyenne issue de ces participations immobilières permet d'offrir entre +4% et +6% annuel aux investisseurs en SCPI.

Le bon moment pour investir?

Fortes de ces qualités indéniables, les SCPI ont le vent en poupe depuis 2008. Aucune autre classe d'actif n'offre un si bon couple rendement / risque à l'heure actuelle. Les épargnants affluent : plus de 3 milliards d'euros collectés en 2015. Et 2016 devrait suivre sur la même tendance. Mais y a-t-il un risque de surchauffe?

La difficulté est grande pour les gérants d'acheter des immeubles au bon prix. Payés chers pour des revenus locatifs sablent voire baissiers, le rendement s'en voit mécaniquement dégradé. Le rendement était encore supérieur à 6% en 2007. Par ailleurs, les sociétés de gestion, en position de force, augmentent le prix des parts de leurs SCPI. Le mouvement est général.

Soulignons aussi le rallongement du délai de jouissance -cette période qui va de la date d'effet de la propriété des parts à la distribution du premier loyer- qui passe de 3 à 4 voire 5 mois selon les SCPI. Certains gérants ont trouvé une réponse partielle en allant chercher des actifs à bon prix au-delà des frontières de l’hexagone: Allemagne surtout, suivi du Benelux ou de l'Espagne. La surchauffe semble certaine. La solidité de l’économie sera un facteur déterminant dans la bonne tenue des SCPI.

Celles-ci sont davantage sujettes aux difficultés économiques d'un pays que le logement. Les entreprises locataires des parcs immobiliers des Scpi ajustent leurs charges ; or l'immobilier est un poste coûteux qui n'est pas si compliqué à optimiser pour une société.

L’horizon de placement est la clé

Même en cas de difficulté, les SCPI continueront d'offrir un des meilleurs couples rendement / risque dans l'univers des placements.

Pour l'épargnant qui envisage son investissement à long terme, pour sa retraite afin de générer une rente, acheter des parts de sociétés civiles de placement immobilier reste parfaitement opportun. En revanche, l'investisseur désireux de faire une plus-value à court terme se trompe. Entre les frais d'entrée à amortir et les prix de l'immobilier qui stagnent, une revente à court terme est inappropriée.

OPCI : Une bonne alternative

Lancé en 2008, boudé il y a peu, l'OPCI est en train de faire une percée intéressante. Il s'agit d'un hybride entre SCPI et OPCVM. La poche immobilière oscille de 60 à 90% tandis que le reste peut être investi par le gérant en titres, Opcvm monétaires, obligataires ou actions.

Avec l'OPCI, le gérant bénéficie de plus de latitude pour ses investissements. L'épargnant profite d'un surcroît de diversification et surtout d'une plus grande liquidité.