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Immobilier: les effets pervers des aides aux logements

Les aides au logement pousseraient les prix des loyers à la hausse, selon l'Insee

Les aides au logement pousseraient les prix des loyers à la hausse, selon l'Insee - Lionel Bonaventure - AFP

L'augmentation des aides au logement aurait surtout abouti à gonfler les prix des loyers, selon une étude de l'Insee publiée ce vendredi 14 novembre. De plus, ces aides n'ont eu aucun effet sur la qualité des logements.

Les aides au logement sont une médaille qui a son revers. C'est en quelque sorte la conclusion d'une étude de l'Insee publiée ce vendredi 14 juillet.

L'institut de conjoncture s'interroge, dans cette enquête, sur les effets de ces aides sur le prix des loyers ainsi que sur la qualité et l'offre de logements.

Les aides en question regroupent l'aide personnalisée au logement (APL), l'allocation de logement familiale (ALF) et l'allocation de logement sociale (ALS) qui, ensemble, représentaient 15,8 milliards d'euros en 2012. Au total, 5,7 millions de ménages avaient alors bénéficié de ces allocations.

Un effet sur les prix du logement

D'emblée, l'institut de conjoncture estime que ces aides, censées permettre aux ménages de limiter leurs efforts en matière de dépenses de logement, ont en réalité un effet pervers.

"Comme elles permettent à certains ménages d'accéder à des logements de meilleure qualité, la demande s'accentue et peut conduire à une hausse des loyers, si le nombre et la qualité des logements ne s'ajustent pas suffisamment. En d'autres termes, une partie du bénéfice de l'allocation des ménages serait alors transférée aux bailleurs", explique l'Insee.

"Cet effet (…) serait d'autant plus fort que les bailleurs ont la capacité de connaître les locataires éligibles et perçoivent parfois directement ces aides", poursuit-il.

Pas d'impact sur la qualité 

L'Insee évalue ensuite plus en détail les effets des aides, en s'appuyant sur le découpage de ces aides en trois zones (voir encadré). 

L'enquête a ainsi comparé les loyers des villes de taille similaire, situées à la frontière entre la zone III et la zone II, sachant que dans cette dernière zone, les aides aux logements sont plus élevées de 20 à 30 euros par mois. Résultat: les loyers sont, en moyenne, plus forts dans la zone II de 5,3% "Il ressort qu'un niveau plus élevé d'aides au logement pousserait à la hausse les loyers privés", déduit l'Insee.

De plus, ces aides ont eu "une absence notable d'effet sur la qualité ou la quantité" des logements, relève l'Insee. "Cette absence d'effet qualité ou quantité signifie que l'offre de logements ne semble pas s'être adaptée à la différence de niveau des aides". 

"Ainsi, l'augmentation des aides pour le secteur locatif privé aurait principalement entraîné une hausse du prix des loyers", conclut l'institut, qui rappelle que le budget alloué à ces aides a été multiplié par plus de cinq depuis 1984.

Les trois zones des aides au logement

Zone I: Paris et son agglomération

Zone II: villes de moins de plus de 100.000 habitants

Zone III: Le reste du territoire

Julien Marion