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La France taxe bien plus lourdement les épargnants que ses voisins

Selon une étude réalisée par l'association française des marchés financiers, Les intérêts et plus-values sont amputés en moyenne de 58,2% dans l'Hexagone soit deux fois plus que l'Espagne. L'Amafi en profite pour critiquer une fiscalité "complexe et illisible".

Difficile de s'y retrouver dans le maquis fiscal sur l'épargne. Voilà en clair le message de l'Amafi, l'association française des marchés financiers, qui regroupe les professionnels de la Bourse. Cette association a publié ce vendredi 14 octobre son baromètre annuel, dans lequel elle critique sévèrement la fiscalité tricolore sur l'épargne.

"La fiscalité de l’épargne est très complexe. Elle repose sur une progressivité élevée des prélèvements sur les revenus de l’épargne allant jusqu’à près de 60% et rendant le dispositif français atypique et illisible", souligne ainsi l'Amafi.

Cette distorsion est due au fait que, depuis l'élection de François Hollande, l'Hexagone a choisi de de faire passer les revenus du capital au barème de l'impôt sur le revenu abandonnant de facto le prélèvement forfaitaire libératoire, que les autres pays européens ont, eux, gardé.

Une facture lourde

Une politique qui "a, dans les faits, éloigné le système français de l’ensemble des dispositifs de taxation de l’épargne en vigueur dans les autres pays", regrette l'Amafi.

Ce qui fait que sur les revenus du capital un épargnant paie à la fois l'impôt sur le revenu, les prélèvements sociaux et, le cas échéant, l'impôt de solidarité sur la fortune. Certes, des déductions de CSG et des abattements (jusqu'à 40% pour les dividendes) allègent un peu la facture.

Il n'empêche que l'ardoise peut se révéler salée pour les épargnants français. L'Amafi calcule ainsi que pour qu'un actionnaire jouisse d'un revenu net de 100 euros, une entreprise française doit dépenser 230 euros, contre 195 euros en Allemagne et 185 euros au Royaume-Uni.

Des intérêts et des plus-values fortement taxées

Surtout, pour accentuer le trait, l'Amafi a calculé pour plusieurs pays (Allemagne, Espagne, Suède, Italie, Danemark, États-Unis, Belgique, Suisse, Pays-Bas, Luxembourg, Royaume-Uni et France) les taux marginaux d'imposition des dividendes, plus-values et intérêts.

Résultat: la France taxe jusqu'à 58,2% (prélèvements et impôts compris) les intérêts et les plus-values, le taux le plus fort dans l'ensemble des pays étudiés. Soit deux fois plus que l'Espagne. Il convient de préciser que l'Amafi arrive à ce taux en prenant pour exemple le cas d'un contribuable dont les revenus de l'épargne sont intégralement taxés sur la tranche la plus élevée de l'impôt sur le revenu (45%), ce qui n'est pas le cas de l'épargnant moyen. Elle part aussi du principe que cet épargnant a gardé ses titres moins de deux ans. En effet, des abattements de 50 et 65% sur la plus-value sont accordés au bout de respectivement deux et huit années de détention.

L'écart n'en reste pas moins élevé. L'Amafi conclut ainsi en estimant que la fiscalité française de l'épargne est un "handicap fort" qui "affecte directement la compétitivité de l'entreprise française".

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Julien Marion